Après les traditionnels discours d’Isabelle Chaland, de l’invité d’honneur et des officiels, le cocktail peut commencer.
2024, RC 2024 en direct
Publié le vendredi 04 octobre 2024
Jean-Marie et Blandine Chaland, père et sœur d’Yves Chaland
Publié le vendredi 04 octobre 2024
L’exposition Emile Bravo en avant-première
En attendant l’ouverture officielle des 17e Rencontres Chaland, voici quelques images de l’exposition consacrée à notre invité d’honneur à la galerie des tanneries.
Photos et video courtesy Actuabd
Publié le vendredi 04 octobre 2024
Les auteurs ont pris le train
Publié le jeudi 19 septembre 2024
Journée spéciale de rencontres avec les auteurs
SAMEDI 5 OCTOBRE
Les Rencontres Chaland proposent pour la première fois une journée spéciale de rencontres des auteurs.
Espace d’Albret de Nérac
Matinée spéciale auteurs :
Devenir créateur de bande dessinée, quels défis ?
Modératrice
Irène Leroy Ladurie
10h – Présentation des enjeux professionnels pour les scénaristes, dessinateurs-dessinatrices et coloristes
10h30 – Comment devient-on créateur de bande dessinée
Christelle Pissavy-Yvernault, autrice,
Anne Baraou, scénariste,
Clément C. Fabre, auteur,
Elric Dufau, auteur.
11h30 – Aujourd’hui, les défis technologiques du digital, de Photoshop à l’IA.
IA Comment ça marche
par Andrew Lester
Inscription :
resa.rencontreschaland@gmail.com
11h – Galerie des Tanneries
Visite commentée dans l’exposition Émile Bravo – Les contes défaits
par Jean-Christophe Ogier
14h30 – Espace d’Albret
Master class d’Émile Bravo
19h – Espace d’Albret
Spectacle lecture musicale & dessinée
de Charles Berberian et Ian Aledji.
(réservation 05 53 97 40 50)
UNE ÉDUCATION ORIENTALE
Le jeune Charles Berberian a grandi à Beyrouth
jusqu’à l’âge de 10 ans, Dans une Éducation
Orientale, il remonte le temps, déambule dans
Beyrouth, égrène le file, des souvenirs familiaux.
Le spectacle théâtralise magnifiquement
l’humanité tendre de son album.
La musique live rythme la performance.
Le programme complet des Rencontres Chaland 2024 :
Publié le mercredi 18 septembre 2024
Au cinéma Le Margot les 5 et 6 octobre
Pour accompagner les Rencontres Chaland 2024, Le cinéma Le Margot à Nérac met 4 films à l’affiche durant le weekend, toujours avec une thématique bande dessinée.
samedi 5 – 17h
Angelo dans
la forêt mystérieuse
film d’animation 82 mn
Vincent Paronnaud et Alexis Ducord
d’après la bande dessinée
Dans la forêt sombre et mystérieuse
de Winshluss,
édition Gallimard bande dessinée
à partir de 6 ans
Angelo 10 ans, oublié par erreur sur une aire d’autoroute, décide de couper à travers la sombre forêt pour rejoindre la maison. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges.
samedi 5 -20h30
Juliette au Printemps
long métrage 96 mn
Blandine Lenoir
adapté du roman
graphique Juliette, les fantômes
reviennent au printemps,
de Camille Jourdy, édition Acte Sud BD
Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfants, quitte la ville pour retrouver sa famille quelques jours. Un père trop pudique, une mère croqueuse de vie, une grand mère qui perd pied, une sœur débordée par le quotidien, et Pollux attachant,
font remonter souvenirs et secrets à la surface.
dimanche 6 – 17h
Ma maman est
en Amérique, elle a
rencontré Buffalo Bill
Film d’animation 75 mn
Marc Boreal et Thibaut Chatel
d’après la bande dessinée éponyme
de Émile Bravo et Jean Régnaud
édition Gallimard Bande Dessinée
Jean a 6 ans, il fait sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant
la profession du père puis de la mère, il réalise que sa maman est tout le temps en voyage, qu’elle envoie des cartes postales à Michèle, sa petite voisine qui sait lire. Alors Jean se prend à rêver.
dimanche 6 -20h30
Silex and the City,
le film
film d’animation 85 mn
Jean-Paul Guigue et Jul
d’après la bande dessinée éponyme
de Jul, édition Dargaud
Dans une préhistoire condamnée à ne jamais évoluer, un père et sa fille en conflit vont bouleverser la routine de l’Âge de pierre. Après un aller-retour dans le futur, ils ramènent accidentellement l’équivalent d’une clé coudée Ikéa qui va enfin déclencher l’Évolution, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Publié le mardi 17 septembre 2024
Emile Bravo, l’écrivain de la ligne claire
Son nom sonne comme un pseudo des années 1980. Émile Bravo… et mille bravos ! C’est pourtant son vrai nom. D’origine espagnole, il a mille fois raconté l’histoire de son père fuyant la dictature de Franco refaisant sa vie en France avec une Espagnole rencontrée à Paris où leur fils est né un jour de 1964. C’est un enfant curieux que l’on destine à une filière scientifique et technique puisqu’il décroche son Bac E. Les sciences l’intéressent effectivement.
Mais les fées penchées sur son berceau se crêpent le chignon… Contre toute attente, après le bac, il choisit… une carrière artistique. Il faut dire qu’il a une autre passion : la BD. Nourri de tous les classiques, il amuse ses camarades depuis sa tendre enfance avec des petites histoires dessinées sans savoir que c’est un véritable métier.
C’est d’ailleurs un de ses amis, à la fin de l’adolescence, qui lui suggère une évidence : prendre cette voie. Les écoles d’arts dédaignent la bande dessinée, il devient autodidacte en se disant qu’il n’existe pas d’école de roman car c’est avant tout le récit qui l’enthousiasme. Ce sont les grands conteurs qui ont inspiré sa jeunesse, Hergé, Franquin, Goscinny, Peyo puis Pratt, Moebius, Tardi… Ses débuts sont influencés par la très hype “Ligne claire” que Joost Swarte théorise. Ses premiers travaux ressemblent à du Chaland mâtiné de Vandersteen, ou encore à du Franquin mêlé d’Hubinon. Il cherche son écriture graphique.
Le carton à dessin sous le bras, Bravo frappe aux portes de nombreuses maisons d’édition, sans trop de succès, il s’étonne de constater que la plupart des éditeurs, ne jugeant que le dessin, ne lisent pas les histoires qu’il leur soumet… Sans se décourager, il devient maquettiste de presse ce qui lui laisse du temps pour affiner son outil, le dessin. Il passe ensuite à l’illustration publicitaire sans abandonner son objectif, la bande dessinée. En collaboration avec son vieil ami Jean Regnaud, il publie son premier album dans la collection Atomium des éditions Magic Strip : Ivoire (1990), la maison belge qui publie Yves Chaland, Serge Clerc, Dupuy et Berberian, Daniel Torrès… Une consécration ?
Pas encore, Magic Strip sombre… Les deux compères ne se découragent pas et créent Les Véritables Aventures d’Aleksis Strogonoff (1993) qu’ils proposent aux éditions Dargaud.
1990
1999
2001
2002
2003 L’émergence d’une nouvelle génération de créateurs
Une perspective nouvelle qui amène Bravo à faire atelier avec quelques-uns des futurs grands noms de cette génération montante. En 1992, Lewis Trondheim lui propose une place à l’atelier Nawak qu’il partage, entre autres, avec David B. Le tout jeune Christophe Blain vient de s’y installer, puis arrive Joann Sfar et ensuite Emmanuel Guibert. Ces derniers débutent dans la bande dessinée, une émulation collective très positive prend forme au sein du groupe, les esprits se libèrent et de grands auteurs se dévoilent. C’est cette même équipe qui fera souche trois ans plus tard dans un nouvel espace : l’Atelier des Vosges, où viendront les rejoindre Marjane Satrapi et Marc Boutavant. C’est là qu’Émile Bravo, stimulé par cette vision décomplexée de la bd, se lance dans la bande dessinée destinée à la jeunesse qui lui semble en friche.
Un must de la BD jeunesse
Inspiré par les auteurs de ses premières lectures, il crée Les Épatantes Aventures de Jules toujours pour Dargaud, dont il signe seul le scénario. On y retrouve son goût pour les sciences et ses questionnements existentiels cultivés depuis sa prime enfance. C’est un OVNI de la production jeunesse : non seulement il traite de sujets graves comme la mort, la religion, le clonage, le rapport entre le politique et le système capitaliste mais surtout, toujours à partir de la cellule familiale de son héros, il jette progressivement un regard incisif sur l’environnement social de la planète, sa biosphère, s’adressant aux enfants pour les aider à prendre conscience du monde dans lequel ils évoluent sans les infantiliser ni les traumatiser. C’est un must du genre qui reçoit le Prix Goscinny du meilleur scénario en 2001.
L’exploration de l’enfance se fait aussi vers les plus jeunes. Sa série Les Sept Ours nains (Le Seuil Jeunesse, 2004) destinée aux primolecteurs, revisite les contes de fées de façon loufoque. Publiée dans un format oblong, bardé de récitatifs racontés sur le mode du conte, le récit s’amuse des clichés de la littérature jeunesse. Loin d’infantiliser le lecteur, il l’aide, grâce à ses personnages à la fois tendres et amusants, à prendre de la distance avec les représentations. Recevant plusieurs prix en jeunesse, la série fait l’objet d’une adaptation en dessins animés sur Netflix.
2004
2004
2005
2006
2009 Une nouvelle collaboration avec Jean Regnaud, Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill (2007, Gallimard Jeunesse), opère dans le même registre de l’imaginaire. Multiprimé (première bande dessinée à obtenir le prix de littérature jeunesse à la foire du livre de Francfort), cette histoire autobiographique écrite par Regnaud, contribue à la notoriété de Bravo, gardant la même ligne que pour Jules ou Les Sept Ours nains : en offrant plusieurs niveaux de lecture, on s’adresse à l’intelligence du jeune lecteur comme à celle de l’adulte, comme le faisaient avant eux les albums de Tintin, des Schtroumpfs ou ceux de René Goscinny.
Dans la lignée d’Art Spiegelman et de Maus
C’est évidemment la voie qu’il choisit quand on lui demande d’exploiter sa vision personnelle de l’univers de Spirou et Fantasio. Il n’a pas de raison de refuser. N’avait-il pas, quelques temps auparavant, proposé de reprendre Blake & Mortimer avec son complice Joann Sfar ?
Quand il se lance dans l’écriture du Journal d’un ingénu (Dupuis, 2008), le personnage de Spirou créé en 1938 par le Français Robert Velter était passé par de multiples mains, plus ou moins inspirées voire géniales, comme celles de Jijé et de Franquin, plus ou moins respectueuses comme celles de Tome & Janry, plus ou moins serviles. En plaçant son héros en 1938, en expliquant la genèse du héros, en le rendant amoureux, il brise le carcan de la référence initiale. Le succès est immense, l’album est célébré jusqu’à Angoulême. Sa suite en quatre volumes, Spirou : L’Espoir malgré tout, est qualifiée, à l’occasion d’une grande exposition qui lui est consacrée au Mémorial de la Shoah de Paris comme “la bande dessinée la plus importante sur la Shoah depuis le Maus d’Art Spiegelman”.
2011
2012
2018
2018
2019 Ce qui est frappant, c’est qu’Émile Bravo n’a pas dû forcer son trait pour reprendre les aventures du groom. Le Spirou de Bravo reste du Bravo, dans la lignée de sa production précédente. Est-ce graphiquement une Ligne claire ? Peut-être pas… Quand vous regardez de près son trait, il vibre! C’est l’influence de l’Atelier des Vosges, la manifestation d’une liberté trouvée. Il y a une part de l’Underground dans le dessin d’Émile Bravo. Et s’il s’obstine à employer les codes d’un Hergé, d’un Franquin ou d’un Chaland, c’est simplement parce qu’au delà de la sobriété esthétique, ils sont évidents, efficaces et accessibles pour raconter des histoires comme l’est une typographie familière. “Dans mon crayonné de découpage, il y a tout, martèle-t-il dans les interviews : une histoire complète avec dialogues, attitudes et expressions des personnages. Le reste, c’est de l’artisanat. En fait, l’art dans la bande dessinée, il est là. Dans la création, dans l’écriture.
Le reste, c’est de la technique… Et pour la clarté, elle est dans le propos !”
DIDIER PASAMONIK
2021
2033
2022
2023
2024
Publié le mardi 17 septembre 2024
5 expositions
Pour ces 17e Rencontres Chaland, 5 expositions vous seront proposées à Nérac
1-INVITÉ D’HONNEUR ÉMILE BRAVO
Galerie des Tanneries
Exposition rétrospective des œuvres originales de bande dessinée de l’auteur sur 36 ans de créations.
2-HÉROS ET HÉROÏNES DE YVES CHALAND
Galerie Sèderie
Freddy Lombard, Dina, Bob Fish, Linda, Atomax, Le Jeune Albert et Spirou, tous ces personnages sont les aventuriers dessinés par Yves Chaland.
Exposition interactive , dessins originaux et costumes des personnages.
(5 et 6 octobre seulement)
3-MADELEINE, RÉSISTANTE
Médiathèque Yves Chaland
Exposition des œuvres originales couleurs dessinées par Dominique Bertail.
L’histoire de Madeleine Riffaud est scénarisée par Jean-David Morvan
4 & 5-LES LAURÉATS DES PRIX
JEUNE ALBERT ET PETIT ALBERT 2023-2024
Exposition des œuvres primées par les lycéens
et collégiens de Lot-et-Garonne
Médiathèque Yves Chaland
Prix Jeune Albert
LÉO EN PETIT MORCEAUX
de Mayana Itoïz, aux éditions Dargaud
Prix Petit Albert
LE PRINTEMPS DE SAKURA
de Marie Jaffredo, aux éditions Vent d’Ouest
Téléchargez le programme complet des Rencontres Chaland 2024
Et le programme octobre-novembre-décembre
Publié le lundi 02 septembre 2024
Emile Bravo, invité d’honneur des 17e Rencontres Chaland
Les Rencontres Chaland mettent à l’honneur Emile Bravo pour leur 17eme édition durant laquelle 35 auteurs seront présents les 5 et 6 octobre, à Nérac.
La galerie des Tanneries proposera une exposition rétrospective de l’œuvre d’Emile Bravo, héros malgré tout, de Boucle d’or et les sept nains à Spirou, en passant par les Epatantes Aventures de Jules.
De nombreuses animations sont prévues autour des auteurs. Sont annoncés : Alfred, Alain Ayroles, François Ayroles, Anne Baraou, Charles Berberian, Fred Bernard, Dominique Bertail, Hervé Bourhis, Clément C. Fabre, Christian Cailleaux, Serge Clerc, Lolita Couturier, Dorothée de Monfreid, DrPonce, Lucie Durbiano, Elric Dufau, Christian Durieux, Marie Bardiaux-Vaïente, Richard Guerineau, Pascal Guichard, Mayana Itoïz, Irène Leroy Ladurie, Louison, Aurélien Maury, Jean-David Morvan, Fred Neidhardt, Jean Christophe Ogier, Didier Pasamonik, Christelle Pissavy-Yvernault, David Prudhomme, Sandrine Revel, Saint-Emett, Lolita Séchan, Maybelline Skvortzoff, Avril Tembouret, Lucas Varela, Eric Veillé.
Photo D.R.
Publié le lundi 02 septembre 2024
Alain Lachartre, publicité et bande dessinée, des origines à nos jours
Exposition à la Galerie des Tanneries à Nérac
17 juin au 31 juillet 2024
14h à 18h Tous les jours sauf dimanche
Entrée libre
L’association Les Amis d’Yves Chaland bien connue pour l’organisation du festival Les Rencontres Chaland, présente sa première exposition estivale à la Galerie des Tanneries à Nérac. Il nous semblait important de commencer par une exposition collective et le thème publicité et bande dessinée relie tous les auteurs. Nombre de ces dessinateurs appréciés par les marques populaires ou de luxe sont proches de la Ligne Claire, chère aux Rencontres Chaland.
Notre exposition s’appuie sur l’auteur exégète, Alain Lachartre, qui décrit les rapports étroits entre l’illustration, la bande dessinée et la publicité dans Objectif Pub chez Robert Laffont-Magic Strip, Traits séduisants édité par Scala, Réclames aux Éditions Hoëbeke, Malabar, histoires de bulles chez Dupuis.
Alain Lachartre a consacré sa carrière à la communication publicitaire, il fonde son atelier d’édition “Vue sur la Ville” et collabore avec les écrivains, illustrateurs et dessinateurs de bande dessinée comme, Fromental, Chaland, Avril, Ted Benoit, Ever Meulen…
Son dernier ouvrage paru en 2022, Objectif Pub, est un livre de référence totalement inédit sur les liens entre la bande dessinée et la publicité de 1900 jusqu’à ce jour.
Depuis 120 ans, la publicité invite les grands auteurs de son temps à l’accompagner, de l’inventeur du Bonhomme Michelin Bibendum, le génial dessinateur O’Galop à l’auteur réalisateur Ugo Bienvenu et ses dessins commandés par Hermès.
La publicité aime confier à plusieurs dessinateurs ayant un univers défini et identifiable, la réalisation d’affiches qui racontent une histoire. Lorsque la diffusion est limitée, l’annonceur utilise des techniques artisanales telles que la sérigraphie et la lithographie, pour l’édition d’un produit de Luxe.
Bilal, Forest, Schuiten, Walter Minus, Druillet, Tardi, Margerin, Floc’h, Liberatore, Clerc, Götting, Chaland, Cestac, Ben Radis, Cabu, Loustal, Berberian, Killofer, Geluck, Chaland, et encore bien d’autres, ont œuvré sur commande. Nous remercions particulièrement Joost Swarte pour la réalisation de l’affiche.
Vendredi 28 juin 15h visite commentée par l’auteur Alain Lachartre 5€ par personne
Vendredi 28 juin dédicace 17h
Atelier enfant les mercredis 10-17-24-31 juillet 10h à 12h 5€ par personne
Visite guidée les jeudis 11-18-25-juillet à 15h durée 1h -5€ par personne (gratuit pour les enfants -12 ans)
resa.rencontreschaland@gmail.com
Nous nous réservons la possibilité d’annulation en cas de réservation insuffisante
Publié le jeudi 09 novembre 2023
L’invité d’honneur des Rencontres Chaland 2023
L’OGRE JEAN-LUC FROMENTAL
Il suffit de le voir pour comprendre : avec Jean-Luc Fromental, nous sommes face à un géant. Haut quasiment de deux mètres, massif comme une armoire normande, avec ses beaux traits surlignés par une broussaille de sourcils, il en impose. Mais il n’y a pas qu’au physique qu’il est dans la démesure : sa biographie le crédite des qualités de journaliste, de publicitaire, d’écrivain, de scénariste de bande dessinée, de télévision et de cinéma, enfin d’éditeur, tout cela en même temps, comme si chacune de ces activités ne pouvait à elle seule remplir une vie.
C’est que Fromental est un ogre, catégorie boulimie intellectuelle. De ses activités tentaculaires, nous n’en retiendrons qu’une, pour éviter de nous perdre dans les méandres de son cerveau labyrinthique : son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art.
Ses hagiographies éditoriales mentionnent, pour décrire ses débuts, dix années de présence « dans l’édition », mystérieuse décennie dont on sait peu de choses, où il fut « petite main » d’un ou plusieurs grands éditeurs. Dès 1972, sa signature apparaît dans le magazine Pilote, accolée à celle d’un certain Moro, inconnu au bataillon. Il faut attendre 1978 pour la voir revenir dans le même hebdomadaire, devenu entretemps mensuel, accompagnant cette fois celle de Floc’h, pour une double page intitulée « Le Siècle ».
La bande dessinée adulte, déjà présente depuis l’arrivée du Charlie Mensuel de Wolinski en 1969, clone français du magazine italien Linus, devient un explosif bouillon de contre-culture avec L’Écho des Savanes de Bretécher, Gotlib et Mandryka en 1972. En 1975, une nouvelle étoile s’allume dans le firmament de la bande dessinée française, elle est éblouissante : Métal Hurlant dirigé par un quarteron d’humanoïdes loin de la retraite. En 1981, notre ogre, devenu pendant quelques années le critique BD du quotidien Le Matin de Paris, en poussera les portes et ira y satisfaire son appétit. Il en deviendra l’un des piliers rédactionnels parlant aussi bien de « Cauchemars interactifs », de « Légendes urbaines » que d’« Ours gris du Montana ».
C’est là que les premiers vrais scénarios commencent à tomber. Pour son ami Jean-Louis Floch, frère aîné du « Grand Floc’h », d’abord (l’album En pleine guerre froide, 1984, suivi d’Une Ville n’est pas un arbre, en 1989, couleurs d’Isabelle Beaumenay-Joannet), puis pour des petits jeunes à l’avenir alors incertain : Beja, Philippe Berthet (premier indice de la filière belge), Romain Slocombe…
Les Humanoïdes, assurés de sa camaraderie (sa rubrique s’intitule Pravda), l’installent à la tête de Métal Hurlant Aventure où il signe des récits courts pour Claude Renard (le mentor de Schuiten, Berthet, Bézian et bien d’autres), pour Franz avec Mémoires d’un 38 (1984), en collaboration avec un certain… José-Louis Bocquet avec qui il avait lancé peu de temps auparavant L’Année de la BD chez Temps Futurs. Avec le même Bocquet, il rédige des scénarios pour la série Spaghetti de Dino Attanasio dans Rigolo, une autre publication humanoïde. L’expérience Métal Hurlant Aventure, comme celle de Rigolo, ne dure qu’une vingtaine de mois, le temps de faire une mémorable parodie du Major Grubert de Moebius avec… Yves Chaland !
Retour à la case Métal avec son premier récit long de Claude Renard : Ivan Casablanca – Le rendez-vous d’Angkor (1985), un petit volume avec Floc’h : Ma Vie (1985), une poignée d’albums publicitaires avec les ténors des Humanoïdes Associés, trois fois récompensés par le Prix de la Communication que décerne alors le Festival d’Angoulême, et un switch sur L’Écho des Savanes où il écrit pour Loustal Mémoires avec dames (1988) et avec Floc’h Jamais deux sans trois (1991). En 1999, il reprend la plume avec José-Louis Bocquet pour un album de Stanislas intitulé Les Aventures d’Hergé, l’un de ses opus major.
Déjà, on a besoin de souffler, mais l’ogre ne s’arrête jamais : si l’on décèle quelques blancs dans sa bibliographie BD, c’est qu’il a d’autres métiers à côté : il est devenu un auteur jeunesse recherché (pour Le Seuil Jeunesse, Naïve, Hélium, Miles Hyman, Jano, Blexbolex ou Joëlle Jolivet…), romancier, traducteur, notamment pour Charles Burns, les frères Hernandez ou l’auteur Michael Moorcock, et surtout scénariste de télévision et de dessins animés apprécié, ce qui lui vaudra notamment de partager avec Grégoire Solotareff le César du meilleur film d’animation pour Loulou, l’incroyable secret en 2014.
L’aventure Denoël Graphic
En 2003, revenant à sa passion pour l’édition, il crée sous le label Denoël Graphic une collection de bande dessinée chez l’éditeur généraliste Denoël. En vingt ans, il bâtit un catalogue éclectique à la haute tenue graphique et littéraire : personne n’a oublié Une jeunesse soviétique de Nikolaï Maslov, Le Maître de Ballantrae adapté de Robert Louis Stevenson par Hippolyte, Marilyn la Dingue de Jérôme Charyn et Frédéric Rébéna, Fun Home et C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel, Tamara Drewe de Posy Simmonds, La Genèse de Robert Crumb, L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim, Parle-moi d’amour d’Aline Kominsky-Crumb et Robert Crumb, Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong, Suite française d’Emmanuel Moynot d’après Irène Nimérovsky, Sukkwan Island d’après le roman de David Vann d’Ugo Bienvenu, qui devient une des mascottes du catalogue avec Paiement accepté et Préférence Système, ou encore Herzl, une histoire européenne de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. En 2023, Denoël Graphic fête son vingtième anniversaire et constitue l’un des catalogues les plus solides de l’édition BD actuelle.
En parallèle, le vorace avale comme scénariste Le Coup de Prague avec Miles Hyman (2017) pour lequel il récidivera avec Une Romance anglaise en 2022, puis c’est De l’autre côté de la frontière avec Philippe Berthet (2020), la série Miss Chat avec sa complice des albums jeunesse Joëlle Jolivet (2022) et surtout ce coup d’éclat majeur qu’il partage à nouveau avec José-Louis Bocquet : le scénario du best-seller Blake et Mortimer : Huit heures à Berlin avec Antoine Aubin (2022), tandis que s’annonce pour octobre 2023 un autre Blake dessiné par… Floc’h, un événement en soi ! Toujours en 2023, à l’instigation de John Simenon, il se penche en compagnie de quelques vieux complices sur un projet d’adaptation des « romans durs » du Maître de Liège, inauguré par trois ouvrages : Le Passager du Polarlys signé par José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux, La Neige était sale, qu’il adapte pour Bernard Yslaire et enfin Simenon, l’Ostrogoth, évocation biographique de l’inventeur de Maigret, qu’il cosigne encore et toujours avec Bocquet et que Jacques de Loustal met en images.
Laureline Mattiussi avance sur le roman Les clients d’Avrenos daté de 1935. Une carrière à la René Goscinny, en somme. Mais dont l’appétit ogresque ne serait pas encore rassasié.
Didier Pasamonik
Photo ©Rita Scaglia
L’exposition Emile Bravo en avant-première
En attendant l’ouverture officielle des 17e Rencontres Chaland, voici quelques images de l’exposition consacrée à notre invité d’honneur à la galerie des tanneries.
Photos et video courtesy Actuabd
Publié le vendredi 04 octobre 2024
Les auteurs ont pris le train
Publié le jeudi 19 septembre 2024
Journée spéciale de rencontres avec les auteurs
SAMEDI 5 OCTOBRE
Les Rencontres Chaland proposent pour la première fois une journée spéciale de rencontres des auteurs.
Espace d’Albret de Nérac
Matinée spéciale auteurs :
Devenir créateur de bande dessinée, quels défis ?
Modératrice
Irène Leroy Ladurie
10h – Présentation des enjeux professionnels pour les scénaristes, dessinateurs-dessinatrices et coloristes
10h30 – Comment devient-on créateur de bande dessinée
Christelle Pissavy-Yvernault, autrice,
Anne Baraou, scénariste,
Clément C. Fabre, auteur,
Elric Dufau, auteur.
11h30 – Aujourd’hui, les défis technologiques du digital, de Photoshop à l’IA.
IA Comment ça marche
par Andrew Lester
Inscription :
resa.rencontreschaland@gmail.com
11h – Galerie des Tanneries
Visite commentée dans l’exposition Émile Bravo – Les contes défaits
par Jean-Christophe Ogier
14h30 – Espace d’Albret
Master class d’Émile Bravo
19h – Espace d’Albret
Spectacle lecture musicale & dessinée
de Charles Berberian et Ian Aledji.
(réservation 05 53 97 40 50)
UNE ÉDUCATION ORIENTALE
Le jeune Charles Berberian a grandi à Beyrouth
jusqu’à l’âge de 10 ans, Dans une Éducation
Orientale, il remonte le temps, déambule dans
Beyrouth, égrène le file, des souvenirs familiaux.
Le spectacle théâtralise magnifiquement
l’humanité tendre de son album.
La musique live rythme la performance.
Le programme complet des Rencontres Chaland 2024 :
Publié le mercredi 18 septembre 2024
Au cinéma Le Margot les 5 et 6 octobre
Pour accompagner les Rencontres Chaland 2024, Le cinéma Le Margot à Nérac met 4 films à l’affiche durant le weekend, toujours avec une thématique bande dessinée.
samedi 5 – 17h
Angelo dans
la forêt mystérieuse
film d’animation 82 mn
Vincent Paronnaud et Alexis Ducord
d’après la bande dessinée
Dans la forêt sombre et mystérieuse
de Winshluss,
édition Gallimard bande dessinée
à partir de 6 ans
Angelo 10 ans, oublié par erreur sur une aire d’autoroute, décide de couper à travers la sombre forêt pour rejoindre la maison. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges.
samedi 5 -20h30
Juliette au Printemps
long métrage 96 mn
Blandine Lenoir
adapté du roman
graphique Juliette, les fantômes
reviennent au printemps,
de Camille Jourdy, édition Acte Sud BD
Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfants, quitte la ville pour retrouver sa famille quelques jours. Un père trop pudique, une mère croqueuse de vie, une grand mère qui perd pied, une sœur débordée par le quotidien, et Pollux attachant,
font remonter souvenirs et secrets à la surface.
dimanche 6 – 17h
Ma maman est
en Amérique, elle a
rencontré Buffalo Bill
Film d’animation 75 mn
Marc Boreal et Thibaut Chatel
d’après la bande dessinée éponyme
de Émile Bravo et Jean Régnaud
édition Gallimard Bande Dessinée
Jean a 6 ans, il fait sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant
la profession du père puis de la mère, il réalise que sa maman est tout le temps en voyage, qu’elle envoie des cartes postales à Michèle, sa petite voisine qui sait lire. Alors Jean se prend à rêver.
dimanche 6 -20h30
Silex and the City,
le film
film d’animation 85 mn
Jean-Paul Guigue et Jul
d’après la bande dessinée éponyme
de Jul, édition Dargaud
Dans une préhistoire condamnée à ne jamais évoluer, un père et sa fille en conflit vont bouleverser la routine de l’Âge de pierre. Après un aller-retour dans le futur, ils ramènent accidentellement l’équivalent d’une clé coudée Ikéa qui va enfin déclencher l’Évolution, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Publié le mardi 17 septembre 2024
Emile Bravo, l’écrivain de la ligne claire
Son nom sonne comme un pseudo des années 1980. Émile Bravo… et mille bravos ! C’est pourtant son vrai nom. D’origine espagnole, il a mille fois raconté l’histoire de son père fuyant la dictature de Franco refaisant sa vie en France avec une Espagnole rencontrée à Paris où leur fils est né un jour de 1964. C’est un enfant curieux que l’on destine à une filière scientifique et technique puisqu’il décroche son Bac E. Les sciences l’intéressent effectivement.
Mais les fées penchées sur son berceau se crêpent le chignon… Contre toute attente, après le bac, il choisit… une carrière artistique. Il faut dire qu’il a une autre passion : la BD. Nourri de tous les classiques, il amuse ses camarades depuis sa tendre enfance avec des petites histoires dessinées sans savoir que c’est un véritable métier.
C’est d’ailleurs un de ses amis, à la fin de l’adolescence, qui lui suggère une évidence : prendre cette voie. Les écoles d’arts dédaignent la bande dessinée, il devient autodidacte en se disant qu’il n’existe pas d’école de roman car c’est avant tout le récit qui l’enthousiasme. Ce sont les grands conteurs qui ont inspiré sa jeunesse, Hergé, Franquin, Goscinny, Peyo puis Pratt, Moebius, Tardi… Ses débuts sont influencés par la très hype “Ligne claire” que Joost Swarte théorise. Ses premiers travaux ressemblent à du Chaland mâtiné de Vandersteen, ou encore à du Franquin mêlé d’Hubinon. Il cherche son écriture graphique.
Le carton à dessin sous le bras, Bravo frappe aux portes de nombreuses maisons d’édition, sans trop de succès, il s’étonne de constater que la plupart des éditeurs, ne jugeant que le dessin, ne lisent pas les histoires qu’il leur soumet… Sans se décourager, il devient maquettiste de presse ce qui lui laisse du temps pour affiner son outil, le dessin. Il passe ensuite à l’illustration publicitaire sans abandonner son objectif, la bande dessinée. En collaboration avec son vieil ami Jean Regnaud, il publie son premier album dans la collection Atomium des éditions Magic Strip : Ivoire (1990), la maison belge qui publie Yves Chaland, Serge Clerc, Dupuy et Berberian, Daniel Torrès… Une consécration ?
Pas encore, Magic Strip sombre… Les deux compères ne se découragent pas et créent Les Véritables Aventures d’Aleksis Strogonoff (1993) qu’ils proposent aux éditions Dargaud.
1990
1999
2001
2002
2003 L’émergence d’une nouvelle génération de créateurs
Une perspective nouvelle qui amène Bravo à faire atelier avec quelques-uns des futurs grands noms de cette génération montante. En 1992, Lewis Trondheim lui propose une place à l’atelier Nawak qu’il partage, entre autres, avec David B. Le tout jeune Christophe Blain vient de s’y installer, puis arrive Joann Sfar et ensuite Emmanuel Guibert. Ces derniers débutent dans la bande dessinée, une émulation collective très positive prend forme au sein du groupe, les esprits se libèrent et de grands auteurs se dévoilent. C’est cette même équipe qui fera souche trois ans plus tard dans un nouvel espace : l’Atelier des Vosges, où viendront les rejoindre Marjane Satrapi et Marc Boutavant. C’est là qu’Émile Bravo, stimulé par cette vision décomplexée de la bd, se lance dans la bande dessinée destinée à la jeunesse qui lui semble en friche.
Un must de la BD jeunesse
Inspiré par les auteurs de ses premières lectures, il crée Les Épatantes Aventures de Jules toujours pour Dargaud, dont il signe seul le scénario. On y retrouve son goût pour les sciences et ses questionnements existentiels cultivés depuis sa prime enfance. C’est un OVNI de la production jeunesse : non seulement il traite de sujets graves comme la mort, la religion, le clonage, le rapport entre le politique et le système capitaliste mais surtout, toujours à partir de la cellule familiale de son héros, il jette progressivement un regard incisif sur l’environnement social de la planète, sa biosphère, s’adressant aux enfants pour les aider à prendre conscience du monde dans lequel ils évoluent sans les infantiliser ni les traumatiser. C’est un must du genre qui reçoit le Prix Goscinny du meilleur scénario en 2001.
L’exploration de l’enfance se fait aussi vers les plus jeunes. Sa série Les Sept Ours nains (Le Seuil Jeunesse, 2004) destinée aux primolecteurs, revisite les contes de fées de façon loufoque. Publiée dans un format oblong, bardé de récitatifs racontés sur le mode du conte, le récit s’amuse des clichés de la littérature jeunesse. Loin d’infantiliser le lecteur, il l’aide, grâce à ses personnages à la fois tendres et amusants, à prendre de la distance avec les représentations. Recevant plusieurs prix en jeunesse, la série fait l’objet d’une adaptation en dessins animés sur Netflix.
2004
2004
2005
2006
2009 Une nouvelle collaboration avec Jean Regnaud, Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill (2007, Gallimard Jeunesse), opère dans le même registre de l’imaginaire. Multiprimé (première bande dessinée à obtenir le prix de littérature jeunesse à la foire du livre de Francfort), cette histoire autobiographique écrite par Regnaud, contribue à la notoriété de Bravo, gardant la même ligne que pour Jules ou Les Sept Ours nains : en offrant plusieurs niveaux de lecture, on s’adresse à l’intelligence du jeune lecteur comme à celle de l’adulte, comme le faisaient avant eux les albums de Tintin, des Schtroumpfs ou ceux de René Goscinny.
Dans la lignée d’Art Spiegelman et de Maus
C’est évidemment la voie qu’il choisit quand on lui demande d’exploiter sa vision personnelle de l’univers de Spirou et Fantasio. Il n’a pas de raison de refuser. N’avait-il pas, quelques temps auparavant, proposé de reprendre Blake & Mortimer avec son complice Joann Sfar ?
Quand il se lance dans l’écriture du Journal d’un ingénu (Dupuis, 2008), le personnage de Spirou créé en 1938 par le Français Robert Velter était passé par de multiples mains, plus ou moins inspirées voire géniales, comme celles de Jijé et de Franquin, plus ou moins respectueuses comme celles de Tome & Janry, plus ou moins serviles. En plaçant son héros en 1938, en expliquant la genèse du héros, en le rendant amoureux, il brise le carcan de la référence initiale. Le succès est immense, l’album est célébré jusqu’à Angoulême. Sa suite en quatre volumes, Spirou : L’Espoir malgré tout, est qualifiée, à l’occasion d’une grande exposition qui lui est consacrée au Mémorial de la Shoah de Paris comme “la bande dessinée la plus importante sur la Shoah depuis le Maus d’Art Spiegelman”.
2011
2012
2018
2018
2019 Ce qui est frappant, c’est qu’Émile Bravo n’a pas dû forcer son trait pour reprendre les aventures du groom. Le Spirou de Bravo reste du Bravo, dans la lignée de sa production précédente. Est-ce graphiquement une Ligne claire ? Peut-être pas… Quand vous regardez de près son trait, il vibre! C’est l’influence de l’Atelier des Vosges, la manifestation d’une liberté trouvée. Il y a une part de l’Underground dans le dessin d’Émile Bravo. Et s’il s’obstine à employer les codes d’un Hergé, d’un Franquin ou d’un Chaland, c’est simplement parce qu’au delà de la sobriété esthétique, ils sont évidents, efficaces et accessibles pour raconter des histoires comme l’est une typographie familière. “Dans mon crayonné de découpage, il y a tout, martèle-t-il dans les interviews : une histoire complète avec dialogues, attitudes et expressions des personnages. Le reste, c’est de l’artisanat. En fait, l’art dans la bande dessinée, il est là. Dans la création, dans l’écriture.
Le reste, c’est de la technique… Et pour la clarté, elle est dans le propos !”
DIDIER PASAMONIK
2021
2033
2022
2023
2024
Publié le mardi 17 septembre 2024
5 expositions
Pour ces 17e Rencontres Chaland, 5 expositions vous seront proposées à Nérac
1-INVITÉ D’HONNEUR ÉMILE BRAVO
Galerie des Tanneries
Exposition rétrospective des œuvres originales de bande dessinée de l’auteur sur 36 ans de créations.
2-HÉROS ET HÉROÏNES DE YVES CHALAND
Galerie Sèderie
Freddy Lombard, Dina, Bob Fish, Linda, Atomax, Le Jeune Albert et Spirou, tous ces personnages sont les aventuriers dessinés par Yves Chaland.
Exposition interactive , dessins originaux et costumes des personnages.
(5 et 6 octobre seulement)
3-MADELEINE, RÉSISTANTE
Médiathèque Yves Chaland
Exposition des œuvres originales couleurs dessinées par Dominique Bertail.
L’histoire de Madeleine Riffaud est scénarisée par Jean-David Morvan
4 & 5-LES LAURÉATS DES PRIX
JEUNE ALBERT ET PETIT ALBERT 2023-2024
Exposition des œuvres primées par les lycéens
et collégiens de Lot-et-Garonne
Médiathèque Yves Chaland
Prix Jeune Albert
LÉO EN PETIT MORCEAUX
de Mayana Itoïz, aux éditions Dargaud
Prix Petit Albert
LE PRINTEMPS DE SAKURA
de Marie Jaffredo, aux éditions Vent d’Ouest
Téléchargez le programme complet des Rencontres Chaland 2024
Et le programme octobre-novembre-décembre
Publié le lundi 02 septembre 2024
Emile Bravo, invité d’honneur des 17e Rencontres Chaland
Les Rencontres Chaland mettent à l’honneur Emile Bravo pour leur 17eme édition durant laquelle 35 auteurs seront présents les 5 et 6 octobre, à Nérac.
La galerie des Tanneries proposera une exposition rétrospective de l’œuvre d’Emile Bravo, héros malgré tout, de Boucle d’or et les sept nains à Spirou, en passant par les Epatantes Aventures de Jules.
De nombreuses animations sont prévues autour des auteurs. Sont annoncés : Alfred, Alain Ayroles, François Ayroles, Anne Baraou, Charles Berberian, Fred Bernard, Dominique Bertail, Hervé Bourhis, Clément C. Fabre, Christian Cailleaux, Serge Clerc, Lolita Couturier, Dorothée de Monfreid, DrPonce, Lucie Durbiano, Elric Dufau, Christian Durieux, Marie Bardiaux-Vaïente, Richard Guerineau, Pascal Guichard, Mayana Itoïz, Irène Leroy Ladurie, Louison, Aurélien Maury, Jean-David Morvan, Fred Neidhardt, Jean Christophe Ogier, Didier Pasamonik, Christelle Pissavy-Yvernault, David Prudhomme, Sandrine Revel, Saint-Emett, Lolita Séchan, Maybelline Skvortzoff, Avril Tembouret, Lucas Varela, Eric Veillé.
Photo D.R.
Publié le lundi 02 septembre 2024
Alain Lachartre, publicité et bande dessinée, des origines à nos jours
Exposition à la Galerie des Tanneries à Nérac
17 juin au 31 juillet 2024
14h à 18h Tous les jours sauf dimanche
Entrée libre
L’association Les Amis d’Yves Chaland bien connue pour l’organisation du festival Les Rencontres Chaland, présente sa première exposition estivale à la Galerie des Tanneries à Nérac. Il nous semblait important de commencer par une exposition collective et le thème publicité et bande dessinée relie tous les auteurs. Nombre de ces dessinateurs appréciés par les marques populaires ou de luxe sont proches de la Ligne Claire, chère aux Rencontres Chaland.
Notre exposition s’appuie sur l’auteur exégète, Alain Lachartre, qui décrit les rapports étroits entre l’illustration, la bande dessinée et la publicité dans Objectif Pub chez Robert Laffont-Magic Strip, Traits séduisants édité par Scala, Réclames aux Éditions Hoëbeke, Malabar, histoires de bulles chez Dupuis.
Alain Lachartre a consacré sa carrière à la communication publicitaire, il fonde son atelier d’édition “Vue sur la Ville” et collabore avec les écrivains, illustrateurs et dessinateurs de bande dessinée comme, Fromental, Chaland, Avril, Ted Benoit, Ever Meulen…
Son dernier ouvrage paru en 2022, Objectif Pub, est un livre de référence totalement inédit sur les liens entre la bande dessinée et la publicité de 1900 jusqu’à ce jour.
Depuis 120 ans, la publicité invite les grands auteurs de son temps à l’accompagner, de l’inventeur du Bonhomme Michelin Bibendum, le génial dessinateur O’Galop à l’auteur réalisateur Ugo Bienvenu et ses dessins commandés par Hermès.
La publicité aime confier à plusieurs dessinateurs ayant un univers défini et identifiable, la réalisation d’affiches qui racontent une histoire. Lorsque la diffusion est limitée, l’annonceur utilise des techniques artisanales telles que la sérigraphie et la lithographie, pour l’édition d’un produit de Luxe.
Bilal, Forest, Schuiten, Walter Minus, Druillet, Tardi, Margerin, Floc’h, Liberatore, Clerc, Götting, Chaland, Cestac, Ben Radis, Cabu, Loustal, Berberian, Killofer, Geluck, Chaland, et encore bien d’autres, ont œuvré sur commande. Nous remercions particulièrement Joost Swarte pour la réalisation de l’affiche.
Vendredi 28 juin 15h visite commentée par l’auteur Alain Lachartre 5€ par personne
Vendredi 28 juin dédicace 17h
Atelier enfant les mercredis 10-17-24-31 juillet 10h à 12h 5€ par personne
Visite guidée les jeudis 11-18-25-juillet à 15h durée 1h -5€ par personne (gratuit pour les enfants -12 ans)
resa.rencontreschaland@gmail.com
Nous nous réservons la possibilité d’annulation en cas de réservation insuffisante
Publié le jeudi 09 novembre 2023
L’invité d’honneur des Rencontres Chaland 2023
L’OGRE JEAN-LUC FROMENTAL
Il suffit de le voir pour comprendre : avec Jean-Luc Fromental, nous sommes face à un géant. Haut quasiment de deux mètres, massif comme une armoire normande, avec ses beaux traits surlignés par une broussaille de sourcils, il en impose. Mais il n’y a pas qu’au physique qu’il est dans la démesure : sa biographie le crédite des qualités de journaliste, de publicitaire, d’écrivain, de scénariste de bande dessinée, de télévision et de cinéma, enfin d’éditeur, tout cela en même temps, comme si chacune de ces activités ne pouvait à elle seule remplir une vie.
C’est que Fromental est un ogre, catégorie boulimie intellectuelle. De ses activités tentaculaires, nous n’en retiendrons qu’une, pour éviter de nous perdre dans les méandres de son cerveau labyrinthique : son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art.
Ses hagiographies éditoriales mentionnent, pour décrire ses débuts, dix années de présence « dans l’édition », mystérieuse décennie dont on sait peu de choses, où il fut « petite main » d’un ou plusieurs grands éditeurs. Dès 1972, sa signature apparaît dans le magazine Pilote, accolée à celle d’un certain Moro, inconnu au bataillon. Il faut attendre 1978 pour la voir revenir dans le même hebdomadaire, devenu entretemps mensuel, accompagnant cette fois celle de Floc’h, pour une double page intitulée « Le Siècle ».
La bande dessinée adulte, déjà présente depuis l’arrivée du Charlie Mensuel de Wolinski en 1969, clone français du magazine italien Linus, devient un explosif bouillon de contre-culture avec L’Écho des Savanes de Bretécher, Gotlib et Mandryka en 1972. En 1975, une nouvelle étoile s’allume dans le firmament de la bande dessinée française, elle est éblouissante : Métal Hurlant dirigé par un quarteron d’humanoïdes loin de la retraite. En 1981, notre ogre, devenu pendant quelques années le critique BD du quotidien Le Matin de Paris, en poussera les portes et ira y satisfaire son appétit. Il en deviendra l’un des piliers rédactionnels parlant aussi bien de « Cauchemars interactifs », de « Légendes urbaines » que d’« Ours gris du Montana ».
C’est là que les premiers vrais scénarios commencent à tomber. Pour son ami Jean-Louis Floch, frère aîné du « Grand Floc’h », d’abord (l’album En pleine guerre froide, 1984, suivi d’Une Ville n’est pas un arbre, en 1989, couleurs d’Isabelle Beaumenay-Joannet), puis pour des petits jeunes à l’avenir alors incertain : Beja, Philippe Berthet (premier indice de la filière belge), Romain Slocombe…
Les Humanoïdes, assurés de sa camaraderie (sa rubrique s’intitule Pravda), l’installent à la tête de Métal Hurlant Aventure où il signe des récits courts pour Claude Renard (le mentor de Schuiten, Berthet, Bézian et bien d’autres), pour Franz avec Mémoires d’un 38 (1984), en collaboration avec un certain… José-Louis Bocquet avec qui il avait lancé peu de temps auparavant L’Année de la BD chez Temps Futurs. Avec le même Bocquet, il rédige des scénarios pour la série Spaghetti de Dino Attanasio dans Rigolo, une autre publication humanoïde. L’expérience Métal Hurlant Aventure, comme celle de Rigolo, ne dure qu’une vingtaine de mois, le temps de faire une mémorable parodie du Major Grubert de Moebius avec… Yves Chaland !
Retour à la case Métal avec son premier récit long de Claude Renard : Ivan Casablanca – Le rendez-vous d’Angkor (1985), un petit volume avec Floc’h : Ma Vie (1985), une poignée d’albums publicitaires avec les ténors des Humanoïdes Associés, trois fois récompensés par le Prix de la Communication que décerne alors le Festival d’Angoulême, et un switch sur L’Écho des Savanes où il écrit pour Loustal Mémoires avec dames (1988) et avec Floc’h Jamais deux sans trois (1991). En 1999, il reprend la plume avec José-Louis Bocquet pour un album de Stanislas intitulé Les Aventures d’Hergé, l’un de ses opus major.
Déjà, on a besoin de souffler, mais l’ogre ne s’arrête jamais : si l’on décèle quelques blancs dans sa bibliographie BD, c’est qu’il a d’autres métiers à côté : il est devenu un auteur jeunesse recherché (pour Le Seuil Jeunesse, Naïve, Hélium, Miles Hyman, Jano, Blexbolex ou Joëlle Jolivet…), romancier, traducteur, notamment pour Charles Burns, les frères Hernandez ou l’auteur Michael Moorcock, et surtout scénariste de télévision et de dessins animés apprécié, ce qui lui vaudra notamment de partager avec Grégoire Solotareff le César du meilleur film d’animation pour Loulou, l’incroyable secret en 2014.
L’aventure Denoël Graphic
En 2003, revenant à sa passion pour l’édition, il crée sous le label Denoël Graphic une collection de bande dessinée chez l’éditeur généraliste Denoël. En vingt ans, il bâtit un catalogue éclectique à la haute tenue graphique et littéraire : personne n’a oublié Une jeunesse soviétique de Nikolaï Maslov, Le Maître de Ballantrae adapté de Robert Louis Stevenson par Hippolyte, Marilyn la Dingue de Jérôme Charyn et Frédéric Rébéna, Fun Home et C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel, Tamara Drewe de Posy Simmonds, La Genèse de Robert Crumb, L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim, Parle-moi d’amour d’Aline Kominsky-Crumb et Robert Crumb, Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong, Suite française d’Emmanuel Moynot d’après Irène Nimérovsky, Sukkwan Island d’après le roman de David Vann d’Ugo Bienvenu, qui devient une des mascottes du catalogue avec Paiement accepté et Préférence Système, ou encore Herzl, une histoire européenne de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. En 2023, Denoël Graphic fête son vingtième anniversaire et constitue l’un des catalogues les plus solides de l’édition BD actuelle.
En parallèle, le vorace avale comme scénariste Le Coup de Prague avec Miles Hyman (2017) pour lequel il récidivera avec Une Romance anglaise en 2022, puis c’est De l’autre côté de la frontière avec Philippe Berthet (2020), la série Miss Chat avec sa complice des albums jeunesse Joëlle Jolivet (2022) et surtout ce coup d’éclat majeur qu’il partage à nouveau avec José-Louis Bocquet : le scénario du best-seller Blake et Mortimer : Huit heures à Berlin avec Antoine Aubin (2022), tandis que s’annonce pour octobre 2023 un autre Blake dessiné par… Floc’h, un événement en soi ! Toujours en 2023, à l’instigation de John Simenon, il se penche en compagnie de quelques vieux complices sur un projet d’adaptation des « romans durs » du Maître de Liège, inauguré par trois ouvrages : Le Passager du Polarlys signé par José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux, La Neige était sale, qu’il adapte pour Bernard Yslaire et enfin Simenon, l’Ostrogoth, évocation biographique de l’inventeur de Maigret, qu’il cosigne encore et toujours avec Bocquet et que Jacques de Loustal met en images.
Laureline Mattiussi avance sur le roman Les clients d’Avrenos daté de 1935. Une carrière à la René Goscinny, en somme. Mais dont l’appétit ogresque ne serait pas encore rassasié.
Didier Pasamonik
Photo ©Rita Scaglia
Les auteurs ont pris le train
Journée spéciale de rencontres avec les auteurs
SAMEDI 5 OCTOBRE
Les Rencontres Chaland proposent pour la première fois une journée spéciale de rencontres des auteurs.
Espace d’Albret de Nérac
Matinée spéciale auteurs :
Devenir créateur de bande dessinée, quels défis ?
Modératrice
Irène Leroy Ladurie
10h – Présentation des enjeux professionnels pour les scénaristes, dessinateurs-dessinatrices et coloristes
10h30 – Comment devient-on créateur de bande dessinée
Christelle Pissavy-Yvernault, autrice,
Anne Baraou, scénariste,
Clément C. Fabre, auteur,
Elric Dufau, auteur.
11h30 – Aujourd’hui, les défis technologiques du digital, de Photoshop à l’IA.
IA Comment ça marche
par Andrew Lester
Inscription :
resa.rencontreschaland@gmail.com
11h – Galerie des Tanneries
Visite commentée dans l’exposition Émile Bravo – Les contes défaits
par Jean-Christophe Ogier
14h30 – Espace d’Albret
Master class d’Émile Bravo
19h – Espace d’Albret
Spectacle lecture musicale & dessinée
de Charles Berberian et Ian Aledji.
(réservation 05 53 97 40 50)
UNE ÉDUCATION ORIENTALE
Le jeune Charles Berberian a grandi à Beyrouth
jusqu’à l’âge de 10 ans, Dans une Éducation
Orientale, il remonte le temps, déambule dans
Beyrouth, égrène le file, des souvenirs familiaux.
Le spectacle théâtralise magnifiquement
l’humanité tendre de son album.
La musique live rythme la performance.
Le programme complet des Rencontres Chaland 2024 :
Publié le mercredi 18 septembre 2024
Au cinéma Le Margot les 5 et 6 octobre
Pour accompagner les Rencontres Chaland 2024, Le cinéma Le Margot à Nérac met 4 films à l’affiche durant le weekend, toujours avec une thématique bande dessinée.
samedi 5 – 17h
Angelo dans
la forêt mystérieuse
film d’animation 82 mn
Vincent Paronnaud et Alexis Ducord
d’après la bande dessinée
Dans la forêt sombre et mystérieuse
de Winshluss,
édition Gallimard bande dessinée
à partir de 6 ans
Angelo 10 ans, oublié par erreur sur une aire d’autoroute, décide de couper à travers la sombre forêt pour rejoindre la maison. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges.
samedi 5 -20h30
Juliette au Printemps
long métrage 96 mn
Blandine Lenoir
adapté du roman
graphique Juliette, les fantômes
reviennent au printemps,
de Camille Jourdy, édition Acte Sud BD
Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfants, quitte la ville pour retrouver sa famille quelques jours. Un père trop pudique, une mère croqueuse de vie, une grand mère qui perd pied, une sœur débordée par le quotidien, et Pollux attachant,
font remonter souvenirs et secrets à la surface.
dimanche 6 – 17h
Ma maman est
en Amérique, elle a
rencontré Buffalo Bill
Film d’animation 75 mn
Marc Boreal et Thibaut Chatel
d’après la bande dessinée éponyme
de Émile Bravo et Jean Régnaud
édition Gallimard Bande Dessinée
Jean a 6 ans, il fait sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant
la profession du père puis de la mère, il réalise que sa maman est tout le temps en voyage, qu’elle envoie des cartes postales à Michèle, sa petite voisine qui sait lire. Alors Jean se prend à rêver.
dimanche 6 -20h30
Silex and the City,
le film
film d’animation 85 mn
Jean-Paul Guigue et Jul
d’après la bande dessinée éponyme
de Jul, édition Dargaud
Dans une préhistoire condamnée à ne jamais évoluer, un père et sa fille en conflit vont bouleverser la routine de l’Âge de pierre. Après un aller-retour dans le futur, ils ramènent accidentellement l’équivalent d’une clé coudée Ikéa qui va enfin déclencher l’Évolution, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Publié le mardi 17 septembre 2024
Emile Bravo, l’écrivain de la ligne claire
Son nom sonne comme un pseudo des années 1980. Émile Bravo… et mille bravos ! C’est pourtant son vrai nom. D’origine espagnole, il a mille fois raconté l’histoire de son père fuyant la dictature de Franco refaisant sa vie en France avec une Espagnole rencontrée à Paris où leur fils est né un jour de 1964. C’est un enfant curieux que l’on destine à une filière scientifique et technique puisqu’il décroche son Bac E. Les sciences l’intéressent effectivement.
Mais les fées penchées sur son berceau se crêpent le chignon… Contre toute attente, après le bac, il choisit… une carrière artistique. Il faut dire qu’il a une autre passion : la BD. Nourri de tous les classiques, il amuse ses camarades depuis sa tendre enfance avec des petites histoires dessinées sans savoir que c’est un véritable métier.
C’est d’ailleurs un de ses amis, à la fin de l’adolescence, qui lui suggère une évidence : prendre cette voie. Les écoles d’arts dédaignent la bande dessinée, il devient autodidacte en se disant qu’il n’existe pas d’école de roman car c’est avant tout le récit qui l’enthousiasme. Ce sont les grands conteurs qui ont inspiré sa jeunesse, Hergé, Franquin, Goscinny, Peyo puis Pratt, Moebius, Tardi… Ses débuts sont influencés par la très hype “Ligne claire” que Joost Swarte théorise. Ses premiers travaux ressemblent à du Chaland mâtiné de Vandersteen, ou encore à du Franquin mêlé d’Hubinon. Il cherche son écriture graphique.
Le carton à dessin sous le bras, Bravo frappe aux portes de nombreuses maisons d’édition, sans trop de succès, il s’étonne de constater que la plupart des éditeurs, ne jugeant que le dessin, ne lisent pas les histoires qu’il leur soumet… Sans se décourager, il devient maquettiste de presse ce qui lui laisse du temps pour affiner son outil, le dessin. Il passe ensuite à l’illustration publicitaire sans abandonner son objectif, la bande dessinée. En collaboration avec son vieil ami Jean Regnaud, il publie son premier album dans la collection Atomium des éditions Magic Strip : Ivoire (1990), la maison belge qui publie Yves Chaland, Serge Clerc, Dupuy et Berberian, Daniel Torrès… Une consécration ?
Pas encore, Magic Strip sombre… Les deux compères ne se découragent pas et créent Les Véritables Aventures d’Aleksis Strogonoff (1993) qu’ils proposent aux éditions Dargaud.
1990
1999
2001
2002
2003 L’émergence d’une nouvelle génération de créateurs
Une perspective nouvelle qui amène Bravo à faire atelier avec quelques-uns des futurs grands noms de cette génération montante. En 1992, Lewis Trondheim lui propose une place à l’atelier Nawak qu’il partage, entre autres, avec David B. Le tout jeune Christophe Blain vient de s’y installer, puis arrive Joann Sfar et ensuite Emmanuel Guibert. Ces derniers débutent dans la bande dessinée, une émulation collective très positive prend forme au sein du groupe, les esprits se libèrent et de grands auteurs se dévoilent. C’est cette même équipe qui fera souche trois ans plus tard dans un nouvel espace : l’Atelier des Vosges, où viendront les rejoindre Marjane Satrapi et Marc Boutavant. C’est là qu’Émile Bravo, stimulé par cette vision décomplexée de la bd, se lance dans la bande dessinée destinée à la jeunesse qui lui semble en friche.
Un must de la BD jeunesse
Inspiré par les auteurs de ses premières lectures, il crée Les Épatantes Aventures de Jules toujours pour Dargaud, dont il signe seul le scénario. On y retrouve son goût pour les sciences et ses questionnements existentiels cultivés depuis sa prime enfance. C’est un OVNI de la production jeunesse : non seulement il traite de sujets graves comme la mort, la religion, le clonage, le rapport entre le politique et le système capitaliste mais surtout, toujours à partir de la cellule familiale de son héros, il jette progressivement un regard incisif sur l’environnement social de la planète, sa biosphère, s’adressant aux enfants pour les aider à prendre conscience du monde dans lequel ils évoluent sans les infantiliser ni les traumatiser. C’est un must du genre qui reçoit le Prix Goscinny du meilleur scénario en 2001.
L’exploration de l’enfance se fait aussi vers les plus jeunes. Sa série Les Sept Ours nains (Le Seuil Jeunesse, 2004) destinée aux primolecteurs, revisite les contes de fées de façon loufoque. Publiée dans un format oblong, bardé de récitatifs racontés sur le mode du conte, le récit s’amuse des clichés de la littérature jeunesse. Loin d’infantiliser le lecteur, il l’aide, grâce à ses personnages à la fois tendres et amusants, à prendre de la distance avec les représentations. Recevant plusieurs prix en jeunesse, la série fait l’objet d’une adaptation en dessins animés sur Netflix.
2004
2004
2005
2006
2009 Une nouvelle collaboration avec Jean Regnaud, Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill (2007, Gallimard Jeunesse), opère dans le même registre de l’imaginaire. Multiprimé (première bande dessinée à obtenir le prix de littérature jeunesse à la foire du livre de Francfort), cette histoire autobiographique écrite par Regnaud, contribue à la notoriété de Bravo, gardant la même ligne que pour Jules ou Les Sept Ours nains : en offrant plusieurs niveaux de lecture, on s’adresse à l’intelligence du jeune lecteur comme à celle de l’adulte, comme le faisaient avant eux les albums de Tintin, des Schtroumpfs ou ceux de René Goscinny.
Dans la lignée d’Art Spiegelman et de Maus
C’est évidemment la voie qu’il choisit quand on lui demande d’exploiter sa vision personnelle de l’univers de Spirou et Fantasio. Il n’a pas de raison de refuser. N’avait-il pas, quelques temps auparavant, proposé de reprendre Blake & Mortimer avec son complice Joann Sfar ?
Quand il se lance dans l’écriture du Journal d’un ingénu (Dupuis, 2008), le personnage de Spirou créé en 1938 par le Français Robert Velter était passé par de multiples mains, plus ou moins inspirées voire géniales, comme celles de Jijé et de Franquin, plus ou moins respectueuses comme celles de Tome & Janry, plus ou moins serviles. En plaçant son héros en 1938, en expliquant la genèse du héros, en le rendant amoureux, il brise le carcan de la référence initiale. Le succès est immense, l’album est célébré jusqu’à Angoulême. Sa suite en quatre volumes, Spirou : L’Espoir malgré tout, est qualifiée, à l’occasion d’une grande exposition qui lui est consacrée au Mémorial de la Shoah de Paris comme “la bande dessinée la plus importante sur la Shoah depuis le Maus d’Art Spiegelman”.
2011
2012
2018
2018
2019 Ce qui est frappant, c’est qu’Émile Bravo n’a pas dû forcer son trait pour reprendre les aventures du groom. Le Spirou de Bravo reste du Bravo, dans la lignée de sa production précédente. Est-ce graphiquement une Ligne claire ? Peut-être pas… Quand vous regardez de près son trait, il vibre! C’est l’influence de l’Atelier des Vosges, la manifestation d’une liberté trouvée. Il y a une part de l’Underground dans le dessin d’Émile Bravo. Et s’il s’obstine à employer les codes d’un Hergé, d’un Franquin ou d’un Chaland, c’est simplement parce qu’au delà de la sobriété esthétique, ils sont évidents, efficaces et accessibles pour raconter des histoires comme l’est une typographie familière. “Dans mon crayonné de découpage, il y a tout, martèle-t-il dans les interviews : une histoire complète avec dialogues, attitudes et expressions des personnages. Le reste, c’est de l’artisanat. En fait, l’art dans la bande dessinée, il est là. Dans la création, dans l’écriture.
Le reste, c’est de la technique… Et pour la clarté, elle est dans le propos !”
DIDIER PASAMONIK
2021
2033
2022
2023
2024
Publié le mardi 17 septembre 2024
5 expositions
Pour ces 17e Rencontres Chaland, 5 expositions vous seront proposées à Nérac
1-INVITÉ D’HONNEUR ÉMILE BRAVO
Galerie des Tanneries
Exposition rétrospective des œuvres originales de bande dessinée de l’auteur sur 36 ans de créations.
2-HÉROS ET HÉROÏNES DE YVES CHALAND
Galerie Sèderie
Freddy Lombard, Dina, Bob Fish, Linda, Atomax, Le Jeune Albert et Spirou, tous ces personnages sont les aventuriers dessinés par Yves Chaland.
Exposition interactive , dessins originaux et costumes des personnages.
(5 et 6 octobre seulement)
3-MADELEINE, RÉSISTANTE
Médiathèque Yves Chaland
Exposition des œuvres originales couleurs dessinées par Dominique Bertail.
L’histoire de Madeleine Riffaud est scénarisée par Jean-David Morvan
4 & 5-LES LAURÉATS DES PRIX
JEUNE ALBERT ET PETIT ALBERT 2023-2024
Exposition des œuvres primées par les lycéens
et collégiens de Lot-et-Garonne
Médiathèque Yves Chaland
Prix Jeune Albert
LÉO EN PETIT MORCEAUX
de Mayana Itoïz, aux éditions Dargaud
Prix Petit Albert
LE PRINTEMPS DE SAKURA
de Marie Jaffredo, aux éditions Vent d’Ouest
Téléchargez le programme complet des Rencontres Chaland 2024
Et le programme octobre-novembre-décembre
Publié le lundi 02 septembre 2024
Emile Bravo, invité d’honneur des 17e Rencontres Chaland
Les Rencontres Chaland mettent à l’honneur Emile Bravo pour leur 17eme édition durant laquelle 35 auteurs seront présents les 5 et 6 octobre, à Nérac.
La galerie des Tanneries proposera une exposition rétrospective de l’œuvre d’Emile Bravo, héros malgré tout, de Boucle d’or et les sept nains à Spirou, en passant par les Epatantes Aventures de Jules.
De nombreuses animations sont prévues autour des auteurs. Sont annoncés : Alfred, Alain Ayroles, François Ayroles, Anne Baraou, Charles Berberian, Fred Bernard, Dominique Bertail, Hervé Bourhis, Clément C. Fabre, Christian Cailleaux, Serge Clerc, Lolita Couturier, Dorothée de Monfreid, DrPonce, Lucie Durbiano, Elric Dufau, Christian Durieux, Marie Bardiaux-Vaïente, Richard Guerineau, Pascal Guichard, Mayana Itoïz, Irène Leroy Ladurie, Louison, Aurélien Maury, Jean-David Morvan, Fred Neidhardt, Jean Christophe Ogier, Didier Pasamonik, Christelle Pissavy-Yvernault, David Prudhomme, Sandrine Revel, Saint-Emett, Lolita Séchan, Maybelline Skvortzoff, Avril Tembouret, Lucas Varela, Eric Veillé.
Photo D.R.
Publié le lundi 02 septembre 2024
Alain Lachartre, publicité et bande dessinée, des origines à nos jours
Exposition à la Galerie des Tanneries à Nérac
17 juin au 31 juillet 2024
14h à 18h Tous les jours sauf dimanche
Entrée libre
L’association Les Amis d’Yves Chaland bien connue pour l’organisation du festival Les Rencontres Chaland, présente sa première exposition estivale à la Galerie des Tanneries à Nérac. Il nous semblait important de commencer par une exposition collective et le thème publicité et bande dessinée relie tous les auteurs. Nombre de ces dessinateurs appréciés par les marques populaires ou de luxe sont proches de la Ligne Claire, chère aux Rencontres Chaland.
Notre exposition s’appuie sur l’auteur exégète, Alain Lachartre, qui décrit les rapports étroits entre l’illustration, la bande dessinée et la publicité dans Objectif Pub chez Robert Laffont-Magic Strip, Traits séduisants édité par Scala, Réclames aux Éditions Hoëbeke, Malabar, histoires de bulles chez Dupuis.
Alain Lachartre a consacré sa carrière à la communication publicitaire, il fonde son atelier d’édition “Vue sur la Ville” et collabore avec les écrivains, illustrateurs et dessinateurs de bande dessinée comme, Fromental, Chaland, Avril, Ted Benoit, Ever Meulen…
Son dernier ouvrage paru en 2022, Objectif Pub, est un livre de référence totalement inédit sur les liens entre la bande dessinée et la publicité de 1900 jusqu’à ce jour.
Depuis 120 ans, la publicité invite les grands auteurs de son temps à l’accompagner, de l’inventeur du Bonhomme Michelin Bibendum, le génial dessinateur O’Galop à l’auteur réalisateur Ugo Bienvenu et ses dessins commandés par Hermès.
La publicité aime confier à plusieurs dessinateurs ayant un univers défini et identifiable, la réalisation d’affiches qui racontent une histoire. Lorsque la diffusion est limitée, l’annonceur utilise des techniques artisanales telles que la sérigraphie et la lithographie, pour l’édition d’un produit de Luxe.
Bilal, Forest, Schuiten, Walter Minus, Druillet, Tardi, Margerin, Floc’h, Liberatore, Clerc, Götting, Chaland, Cestac, Ben Radis, Cabu, Loustal, Berberian, Killofer, Geluck, Chaland, et encore bien d’autres, ont œuvré sur commande. Nous remercions particulièrement Joost Swarte pour la réalisation de l’affiche.
Vendredi 28 juin 15h visite commentée par l’auteur Alain Lachartre 5€ par personne
Vendredi 28 juin dédicace 17h
Atelier enfant les mercredis 10-17-24-31 juillet 10h à 12h 5€ par personne
Visite guidée les jeudis 11-18-25-juillet à 15h durée 1h -5€ par personne (gratuit pour les enfants -12 ans)
resa.rencontreschaland@gmail.com
Nous nous réservons la possibilité d’annulation en cas de réservation insuffisante
Publié le jeudi 09 novembre 2023
L’invité d’honneur des Rencontres Chaland 2023
L’OGRE JEAN-LUC FROMENTAL
Il suffit de le voir pour comprendre : avec Jean-Luc Fromental, nous sommes face à un géant. Haut quasiment de deux mètres, massif comme une armoire normande, avec ses beaux traits surlignés par une broussaille de sourcils, il en impose. Mais il n’y a pas qu’au physique qu’il est dans la démesure : sa biographie le crédite des qualités de journaliste, de publicitaire, d’écrivain, de scénariste de bande dessinée, de télévision et de cinéma, enfin d’éditeur, tout cela en même temps, comme si chacune de ces activités ne pouvait à elle seule remplir une vie.
C’est que Fromental est un ogre, catégorie boulimie intellectuelle. De ses activités tentaculaires, nous n’en retiendrons qu’une, pour éviter de nous perdre dans les méandres de son cerveau labyrinthique : son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art.
Ses hagiographies éditoriales mentionnent, pour décrire ses débuts, dix années de présence « dans l’édition », mystérieuse décennie dont on sait peu de choses, où il fut « petite main » d’un ou plusieurs grands éditeurs. Dès 1972, sa signature apparaît dans le magazine Pilote, accolée à celle d’un certain Moro, inconnu au bataillon. Il faut attendre 1978 pour la voir revenir dans le même hebdomadaire, devenu entretemps mensuel, accompagnant cette fois celle de Floc’h, pour une double page intitulée « Le Siècle ».
La bande dessinée adulte, déjà présente depuis l’arrivée du Charlie Mensuel de Wolinski en 1969, clone français du magazine italien Linus, devient un explosif bouillon de contre-culture avec L’Écho des Savanes de Bretécher, Gotlib et Mandryka en 1972. En 1975, une nouvelle étoile s’allume dans le firmament de la bande dessinée française, elle est éblouissante : Métal Hurlant dirigé par un quarteron d’humanoïdes loin de la retraite. En 1981, notre ogre, devenu pendant quelques années le critique BD du quotidien Le Matin de Paris, en poussera les portes et ira y satisfaire son appétit. Il en deviendra l’un des piliers rédactionnels parlant aussi bien de « Cauchemars interactifs », de « Légendes urbaines » que d’« Ours gris du Montana ».
C’est là que les premiers vrais scénarios commencent à tomber. Pour son ami Jean-Louis Floch, frère aîné du « Grand Floc’h », d’abord (l’album En pleine guerre froide, 1984, suivi d’Une Ville n’est pas un arbre, en 1989, couleurs d’Isabelle Beaumenay-Joannet), puis pour des petits jeunes à l’avenir alors incertain : Beja, Philippe Berthet (premier indice de la filière belge), Romain Slocombe…
Les Humanoïdes, assurés de sa camaraderie (sa rubrique s’intitule Pravda), l’installent à la tête de Métal Hurlant Aventure où il signe des récits courts pour Claude Renard (le mentor de Schuiten, Berthet, Bézian et bien d’autres), pour Franz avec Mémoires d’un 38 (1984), en collaboration avec un certain… José-Louis Bocquet avec qui il avait lancé peu de temps auparavant L’Année de la BD chez Temps Futurs. Avec le même Bocquet, il rédige des scénarios pour la série Spaghetti de Dino Attanasio dans Rigolo, une autre publication humanoïde. L’expérience Métal Hurlant Aventure, comme celle de Rigolo, ne dure qu’une vingtaine de mois, le temps de faire une mémorable parodie du Major Grubert de Moebius avec… Yves Chaland !
Retour à la case Métal avec son premier récit long de Claude Renard : Ivan Casablanca – Le rendez-vous d’Angkor (1985), un petit volume avec Floc’h : Ma Vie (1985), une poignée d’albums publicitaires avec les ténors des Humanoïdes Associés, trois fois récompensés par le Prix de la Communication que décerne alors le Festival d’Angoulême, et un switch sur L’Écho des Savanes où il écrit pour Loustal Mémoires avec dames (1988) et avec Floc’h Jamais deux sans trois (1991). En 1999, il reprend la plume avec José-Louis Bocquet pour un album de Stanislas intitulé Les Aventures d’Hergé, l’un de ses opus major.
Déjà, on a besoin de souffler, mais l’ogre ne s’arrête jamais : si l’on décèle quelques blancs dans sa bibliographie BD, c’est qu’il a d’autres métiers à côté : il est devenu un auteur jeunesse recherché (pour Le Seuil Jeunesse, Naïve, Hélium, Miles Hyman, Jano, Blexbolex ou Joëlle Jolivet…), romancier, traducteur, notamment pour Charles Burns, les frères Hernandez ou l’auteur Michael Moorcock, et surtout scénariste de télévision et de dessins animés apprécié, ce qui lui vaudra notamment de partager avec Grégoire Solotareff le César du meilleur film d’animation pour Loulou, l’incroyable secret en 2014.
L’aventure Denoël Graphic
En 2003, revenant à sa passion pour l’édition, il crée sous le label Denoël Graphic une collection de bande dessinée chez l’éditeur généraliste Denoël. En vingt ans, il bâtit un catalogue éclectique à la haute tenue graphique et littéraire : personne n’a oublié Une jeunesse soviétique de Nikolaï Maslov, Le Maître de Ballantrae adapté de Robert Louis Stevenson par Hippolyte, Marilyn la Dingue de Jérôme Charyn et Frédéric Rébéna, Fun Home et C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel, Tamara Drewe de Posy Simmonds, La Genèse de Robert Crumb, L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim, Parle-moi d’amour d’Aline Kominsky-Crumb et Robert Crumb, Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong, Suite française d’Emmanuel Moynot d’après Irène Nimérovsky, Sukkwan Island d’après le roman de David Vann d’Ugo Bienvenu, qui devient une des mascottes du catalogue avec Paiement accepté et Préférence Système, ou encore Herzl, une histoire européenne de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. En 2023, Denoël Graphic fête son vingtième anniversaire et constitue l’un des catalogues les plus solides de l’édition BD actuelle.
En parallèle, le vorace avale comme scénariste Le Coup de Prague avec Miles Hyman (2017) pour lequel il récidivera avec Une Romance anglaise en 2022, puis c’est De l’autre côté de la frontière avec Philippe Berthet (2020), la série Miss Chat avec sa complice des albums jeunesse Joëlle Jolivet (2022) et surtout ce coup d’éclat majeur qu’il partage à nouveau avec José-Louis Bocquet : le scénario du best-seller Blake et Mortimer : Huit heures à Berlin avec Antoine Aubin (2022), tandis que s’annonce pour octobre 2023 un autre Blake dessiné par… Floc’h, un événement en soi ! Toujours en 2023, à l’instigation de John Simenon, il se penche en compagnie de quelques vieux complices sur un projet d’adaptation des « romans durs » du Maître de Liège, inauguré par trois ouvrages : Le Passager du Polarlys signé par José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux, La Neige était sale, qu’il adapte pour Bernard Yslaire et enfin Simenon, l’Ostrogoth, évocation biographique de l’inventeur de Maigret, qu’il cosigne encore et toujours avec Bocquet et que Jacques de Loustal met en images.
Laureline Mattiussi avance sur le roman Les clients d’Avrenos daté de 1935. Une carrière à la René Goscinny, en somme. Mais dont l’appétit ogresque ne serait pas encore rassasié.
Didier Pasamonik
Photo ©Rita Scaglia
Au cinéma Le Margot les 5 et 6 octobre
Pour accompagner les Rencontres Chaland 2024, Le cinéma Le Margot à Nérac met 4 films à l’affiche durant le weekend, toujours avec une thématique bande dessinée.
samedi 5 – 17h
Angelo dans
la forêt mystérieuse
film d’animation 82 mn
Vincent Paronnaud et Alexis Ducord
d’après la bande dessinée
Dans la forêt sombre et mystérieuse
de Winshluss,
édition Gallimard bande dessinée
à partir de 6 ans
Angelo 10 ans, oublié par erreur sur une aire d’autoroute, décide de couper à travers la sombre forêt pour rejoindre la maison. Il s’enfonce alors dans un territoire mystérieux peuplé d’êtres étranges.
samedi 5 -20h30
Juliette au Printemps
long métrage 96 mn
Blandine Lenoir
adapté du roman
graphique Juliette, les fantômes
reviennent au printemps,
de Camille Jourdy, édition Acte Sud BD
Juliette, jeune illustratrice de livres pour enfants, quitte la ville pour retrouver sa famille quelques jours. Un père trop pudique, une mère croqueuse de vie, une grand mère qui perd pied, une sœur débordée par le quotidien, et Pollux attachant,
font remonter souvenirs et secrets à la surface.
dimanche 6 – 17h
Ma maman est
en Amérique, elle a
rencontré Buffalo Bill
Film d’animation 75 mn
Marc Boreal et Thibaut Chatel
d’après la bande dessinée éponyme
de Émile Bravo et Jean Régnaud
édition Gallimard Bande Dessinée
Jean a 6 ans, il fait sa rentrée à la grande école. Quand la maîtresse demande à chaque enfant
la profession du père puis de la mère, il réalise que sa maman est tout le temps en voyage, qu’elle envoie des cartes postales à Michèle, sa petite voisine qui sait lire. Alors Jean se prend à rêver.
dimanche 6 -20h30
Silex and the City,
le film
film d’animation 85 mn
Jean-Paul Guigue et Jul
d’après la bande dessinée éponyme
de Jul, édition Dargaud
Dans une préhistoire condamnée à ne jamais évoluer, un père et sa fille en conflit vont bouleverser la routine de l’Âge de pierre. Après un aller-retour dans le futur, ils ramènent accidentellement l’équivalent d’une clé coudée Ikéa qui va enfin déclencher l’Évolution, pour le meilleur et surtout pour le pire.
Emile Bravo, l’écrivain de la ligne claire
Son nom sonne comme un pseudo des années 1980. Émile Bravo… et mille bravos ! C’est pourtant son vrai nom. D’origine espagnole, il a mille fois raconté l’histoire de son père fuyant la dictature de Franco refaisant sa vie en France avec une Espagnole rencontrée à Paris où leur fils est né un jour de 1964. C’est un enfant curieux que l’on destine à une filière scientifique et technique puisqu’il décroche son Bac E. Les sciences l’intéressent effectivement.
Mais les fées penchées sur son berceau se crêpent le chignon… Contre toute attente, après le bac, il choisit… une carrière artistique. Il faut dire qu’il a une autre passion : la BD. Nourri de tous les classiques, il amuse ses camarades depuis sa tendre enfance avec des petites histoires dessinées sans savoir que c’est un véritable métier.
C’est d’ailleurs un de ses amis, à la fin de l’adolescence, qui lui suggère une évidence : prendre cette voie. Les écoles d’arts dédaignent la bande dessinée, il devient autodidacte en se disant qu’il n’existe pas d’école de roman car c’est avant tout le récit qui l’enthousiasme. Ce sont les grands conteurs qui ont inspiré sa jeunesse, Hergé, Franquin, Goscinny, Peyo puis Pratt, Moebius, Tardi… Ses débuts sont influencés par la très hype “Ligne claire” que Joost Swarte théorise. Ses premiers travaux ressemblent à du Chaland mâtiné de Vandersteen, ou encore à du Franquin mêlé d’Hubinon. Il cherche son écriture graphique.
Le carton à dessin sous le bras, Bravo frappe aux portes de nombreuses maisons d’édition, sans trop de succès, il s’étonne de constater que la plupart des éditeurs, ne jugeant que le dessin, ne lisent pas les histoires qu’il leur soumet… Sans se décourager, il devient maquettiste de presse ce qui lui laisse du temps pour affiner son outil, le dessin. Il passe ensuite à l’illustration publicitaire sans abandonner son objectif, la bande dessinée. En collaboration avec son vieil ami Jean Regnaud, il publie son premier album dans la collection Atomium des éditions Magic Strip : Ivoire (1990), la maison belge qui publie Yves Chaland, Serge Clerc, Dupuy et Berberian, Daniel Torrès… Une consécration ?
Pas encore, Magic Strip sombre… Les deux compères ne se découragent pas et créent Les Véritables Aventures d’Aleksis Strogonoff (1993) qu’ils proposent aux éditions Dargaud.
L’émergence d’une nouvelle génération de créateurs
Une perspective nouvelle qui amène Bravo à faire atelier avec quelques-uns des futurs grands noms de cette génération montante. En 1992, Lewis Trondheim lui propose une place à l’atelier Nawak qu’il partage, entre autres, avec David B. Le tout jeune Christophe Blain vient de s’y installer, puis arrive Joann Sfar et ensuite Emmanuel Guibert. Ces derniers débutent dans la bande dessinée, une émulation collective très positive prend forme au sein du groupe, les esprits se libèrent et de grands auteurs se dévoilent. C’est cette même équipe qui fera souche trois ans plus tard dans un nouvel espace : l’Atelier des Vosges, où viendront les rejoindre Marjane Satrapi et Marc Boutavant. C’est là qu’Émile Bravo, stimulé par cette vision décomplexée de la bd, se lance dans la bande dessinée destinée à la jeunesse qui lui semble en friche.
Un must de la BD jeunesse
Inspiré par les auteurs de ses premières lectures, il crée Les Épatantes Aventures de Jules toujours pour Dargaud, dont il signe seul le scénario. On y retrouve son goût pour les sciences et ses questionnements existentiels cultivés depuis sa prime enfance. C’est un OVNI de la production jeunesse : non seulement il traite de sujets graves comme la mort, la religion, le clonage, le rapport entre le politique et le système capitaliste mais surtout, toujours à partir de la cellule familiale de son héros, il jette progressivement un regard incisif sur l’environnement social de la planète, sa biosphère, s’adressant aux enfants pour les aider à prendre conscience du monde dans lequel ils évoluent sans les infantiliser ni les traumatiser. C’est un must du genre qui reçoit le Prix Goscinny du meilleur scénario en 2001.
L’exploration de l’enfance se fait aussi vers les plus jeunes. Sa série Les Sept Ours nains (Le Seuil Jeunesse, 2004) destinée aux primolecteurs, revisite les contes de fées de façon loufoque. Publiée dans un format oblong, bardé de récitatifs racontés sur le mode du conte, le récit s’amuse des clichés de la littérature jeunesse. Loin d’infantiliser le lecteur, il l’aide, grâce à ses personnages à la fois tendres et amusants, à prendre de la distance avec les représentations. Recevant plusieurs prix en jeunesse, la série fait l’objet d’une adaptation en dessins animés sur Netflix.
Une nouvelle collaboration avec Jean Regnaud, Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill (2007, Gallimard Jeunesse), opère dans le même registre de l’imaginaire. Multiprimé (première bande dessinée à obtenir le prix de littérature jeunesse à la foire du livre de Francfort), cette histoire autobiographique écrite par Regnaud, contribue à la notoriété de Bravo, gardant la même ligne que pour Jules ou Les Sept Ours nains : en offrant plusieurs niveaux de lecture, on s’adresse à l’intelligence du jeune lecteur comme à celle de l’adulte, comme le faisaient avant eux les albums de Tintin, des Schtroumpfs ou ceux de René Goscinny.
Dans la lignée d’Art Spiegelman et de Maus
C’est évidemment la voie qu’il choisit quand on lui demande d’exploiter sa vision personnelle de l’univers de Spirou et Fantasio. Il n’a pas de raison de refuser. N’avait-il pas, quelques temps auparavant, proposé de reprendre Blake & Mortimer avec son complice Joann Sfar ?
Quand il se lance dans l’écriture du Journal d’un ingénu (Dupuis, 2008), le personnage de Spirou créé en 1938 par le Français Robert Velter était passé par de multiples mains, plus ou moins inspirées voire géniales, comme celles de Jijé et de Franquin, plus ou moins respectueuses comme celles de Tome & Janry, plus ou moins serviles. En plaçant son héros en 1938, en expliquant la genèse du héros, en le rendant amoureux, il brise le carcan de la référence initiale. Le succès est immense, l’album est célébré jusqu’à Angoulême. Sa suite en quatre volumes, Spirou : L’Espoir malgré tout, est qualifiée, à l’occasion d’une grande exposition qui lui est consacrée au Mémorial de la Shoah de Paris comme “la bande dessinée la plus importante sur la Shoah depuis le Maus d’Art Spiegelman”.
Ce qui est frappant, c’est qu’Émile Bravo n’a pas dû forcer son trait pour reprendre les aventures du groom. Le Spirou de Bravo reste du Bravo, dans la lignée de sa production précédente. Est-ce graphiquement une Ligne claire ? Peut-être pas… Quand vous regardez de près son trait, il vibre! C’est l’influence de l’Atelier des Vosges, la manifestation d’une liberté trouvée. Il y a une part de l’Underground dans le dessin d’Émile Bravo. Et s’il s’obstine à employer les codes d’un Hergé, d’un Franquin ou d’un Chaland, c’est simplement parce qu’au delà de la sobriété esthétique, ils sont évidents, efficaces et accessibles pour raconter des histoires comme l’est une typographie familière. “Dans mon crayonné de découpage, il y a tout, martèle-t-il dans les interviews : une histoire complète avec dialogues, attitudes et expressions des personnages. Le reste, c’est de l’artisanat. En fait, l’art dans la bande dessinée, il est là. Dans la création, dans l’écriture.
Le reste, c’est de la technique… Et pour la clarté, elle est dans le propos !”
DIDIER PASAMONIK
Publié le mardi 17 septembre 2024
5 expositions
Pour ces 17e Rencontres Chaland, 5 expositions vous seront proposées à Nérac
1-INVITÉ D’HONNEUR ÉMILE BRAVO
Galerie des Tanneries
Exposition rétrospective des œuvres originales de bande dessinée de l’auteur sur 36 ans de créations.
2-HÉROS ET HÉROÏNES DE YVES CHALAND
Galerie Sèderie
Freddy Lombard, Dina, Bob Fish, Linda, Atomax, Le Jeune Albert et Spirou, tous ces personnages sont les aventuriers dessinés par Yves Chaland.
Exposition interactive , dessins originaux et costumes des personnages.
(5 et 6 octobre seulement)
3-MADELEINE, RÉSISTANTE
Médiathèque Yves Chaland
Exposition des œuvres originales couleurs dessinées par Dominique Bertail.
L’histoire de Madeleine Riffaud est scénarisée par Jean-David Morvan
4 & 5-LES LAURÉATS DES PRIX
JEUNE ALBERT ET PETIT ALBERT 2023-2024
Exposition des œuvres primées par les lycéens
et collégiens de Lot-et-Garonne
Médiathèque Yves Chaland
Prix Jeune Albert
LÉO EN PETIT MORCEAUX
de Mayana Itoïz, aux éditions Dargaud
Prix Petit Albert
LE PRINTEMPS DE SAKURA
de Marie Jaffredo, aux éditions Vent d’Ouest
Téléchargez le programme complet des Rencontres Chaland 2024
Et le programme octobre-novembre-décembre
Publié le lundi 02 septembre 2024
Emile Bravo, invité d’honneur des 17e Rencontres Chaland
Les Rencontres Chaland mettent à l’honneur Emile Bravo pour leur 17eme édition durant laquelle 35 auteurs seront présents les 5 et 6 octobre, à Nérac.
La galerie des Tanneries proposera une exposition rétrospective de l’œuvre d’Emile Bravo, héros malgré tout, de Boucle d’or et les sept nains à Spirou, en passant par les Epatantes Aventures de Jules.
De nombreuses animations sont prévues autour des auteurs. Sont annoncés : Alfred, Alain Ayroles, François Ayroles, Anne Baraou, Charles Berberian, Fred Bernard, Dominique Bertail, Hervé Bourhis, Clément C. Fabre, Christian Cailleaux, Serge Clerc, Lolita Couturier, Dorothée de Monfreid, DrPonce, Lucie Durbiano, Elric Dufau, Christian Durieux, Marie Bardiaux-Vaïente, Richard Guerineau, Pascal Guichard, Mayana Itoïz, Irène Leroy Ladurie, Louison, Aurélien Maury, Jean-David Morvan, Fred Neidhardt, Jean Christophe Ogier, Didier Pasamonik, Christelle Pissavy-Yvernault, David Prudhomme, Sandrine Revel, Saint-Emett, Lolita Séchan, Maybelline Skvortzoff, Avril Tembouret, Lucas Varela, Eric Veillé.
Photo D.R.
Publié le lundi 02 septembre 2024
Alain Lachartre, publicité et bande dessinée, des origines à nos jours
Exposition à la Galerie des Tanneries à Nérac
17 juin au 31 juillet 2024
14h à 18h Tous les jours sauf dimanche
Entrée libre
L’association Les Amis d’Yves Chaland bien connue pour l’organisation du festival Les Rencontres Chaland, présente sa première exposition estivale à la Galerie des Tanneries à Nérac. Il nous semblait important de commencer par une exposition collective et le thème publicité et bande dessinée relie tous les auteurs. Nombre de ces dessinateurs appréciés par les marques populaires ou de luxe sont proches de la Ligne Claire, chère aux Rencontres Chaland.
Notre exposition s’appuie sur l’auteur exégète, Alain Lachartre, qui décrit les rapports étroits entre l’illustration, la bande dessinée et la publicité dans Objectif Pub chez Robert Laffont-Magic Strip, Traits séduisants édité par Scala, Réclames aux Éditions Hoëbeke, Malabar, histoires de bulles chez Dupuis.
Alain Lachartre a consacré sa carrière à la communication publicitaire, il fonde son atelier d’édition “Vue sur la Ville” et collabore avec les écrivains, illustrateurs et dessinateurs de bande dessinée comme, Fromental, Chaland, Avril, Ted Benoit, Ever Meulen…
Son dernier ouvrage paru en 2022, Objectif Pub, est un livre de référence totalement inédit sur les liens entre la bande dessinée et la publicité de 1900 jusqu’à ce jour.
Depuis 120 ans, la publicité invite les grands auteurs de son temps à l’accompagner, de l’inventeur du Bonhomme Michelin Bibendum, le génial dessinateur O’Galop à l’auteur réalisateur Ugo Bienvenu et ses dessins commandés par Hermès.
La publicité aime confier à plusieurs dessinateurs ayant un univers défini et identifiable, la réalisation d’affiches qui racontent une histoire. Lorsque la diffusion est limitée, l’annonceur utilise des techniques artisanales telles que la sérigraphie et la lithographie, pour l’édition d’un produit de Luxe.
Bilal, Forest, Schuiten, Walter Minus, Druillet, Tardi, Margerin, Floc’h, Liberatore, Clerc, Götting, Chaland, Cestac, Ben Radis, Cabu, Loustal, Berberian, Killofer, Geluck, Chaland, et encore bien d’autres, ont œuvré sur commande. Nous remercions particulièrement Joost Swarte pour la réalisation de l’affiche.
Vendredi 28 juin 15h visite commentée par l’auteur Alain Lachartre 5€ par personne
Vendredi 28 juin dédicace 17h
Atelier enfant les mercredis 10-17-24-31 juillet 10h à 12h 5€ par personne
Visite guidée les jeudis 11-18-25-juillet à 15h durée 1h -5€ par personne (gratuit pour les enfants -12 ans)
resa.rencontreschaland@gmail.com
Nous nous réservons la possibilité d’annulation en cas de réservation insuffisante
Publié le jeudi 09 novembre 2023
L’invité d’honneur des Rencontres Chaland 2023
L’OGRE JEAN-LUC FROMENTAL
Il suffit de le voir pour comprendre : avec Jean-Luc Fromental, nous sommes face à un géant. Haut quasiment de deux mètres, massif comme une armoire normande, avec ses beaux traits surlignés par une broussaille de sourcils, il en impose. Mais il n’y a pas qu’au physique qu’il est dans la démesure : sa biographie le crédite des qualités de journaliste, de publicitaire, d’écrivain, de scénariste de bande dessinée, de télévision et de cinéma, enfin d’éditeur, tout cela en même temps, comme si chacune de ces activités ne pouvait à elle seule remplir une vie.
C’est que Fromental est un ogre, catégorie boulimie intellectuelle. De ses activités tentaculaires, nous n’en retiendrons qu’une, pour éviter de nous perdre dans les méandres de son cerveau labyrinthique : son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art.
Ses hagiographies éditoriales mentionnent, pour décrire ses débuts, dix années de présence « dans l’édition », mystérieuse décennie dont on sait peu de choses, où il fut « petite main » d’un ou plusieurs grands éditeurs. Dès 1972, sa signature apparaît dans le magazine Pilote, accolée à celle d’un certain Moro, inconnu au bataillon. Il faut attendre 1978 pour la voir revenir dans le même hebdomadaire, devenu entretemps mensuel, accompagnant cette fois celle de Floc’h, pour une double page intitulée « Le Siècle ».
La bande dessinée adulte, déjà présente depuis l’arrivée du Charlie Mensuel de Wolinski en 1969, clone français du magazine italien Linus, devient un explosif bouillon de contre-culture avec L’Écho des Savanes de Bretécher, Gotlib et Mandryka en 1972. En 1975, une nouvelle étoile s’allume dans le firmament de la bande dessinée française, elle est éblouissante : Métal Hurlant dirigé par un quarteron d’humanoïdes loin de la retraite. En 1981, notre ogre, devenu pendant quelques années le critique BD du quotidien Le Matin de Paris, en poussera les portes et ira y satisfaire son appétit. Il en deviendra l’un des piliers rédactionnels parlant aussi bien de « Cauchemars interactifs », de « Légendes urbaines » que d’« Ours gris du Montana ».
C’est là que les premiers vrais scénarios commencent à tomber. Pour son ami Jean-Louis Floch, frère aîné du « Grand Floc’h », d’abord (l’album En pleine guerre froide, 1984, suivi d’Une Ville n’est pas un arbre, en 1989, couleurs d’Isabelle Beaumenay-Joannet), puis pour des petits jeunes à l’avenir alors incertain : Beja, Philippe Berthet (premier indice de la filière belge), Romain Slocombe…
Les Humanoïdes, assurés de sa camaraderie (sa rubrique s’intitule Pravda), l’installent à la tête de Métal Hurlant Aventure où il signe des récits courts pour Claude Renard (le mentor de Schuiten, Berthet, Bézian et bien d’autres), pour Franz avec Mémoires d’un 38 (1984), en collaboration avec un certain… José-Louis Bocquet avec qui il avait lancé peu de temps auparavant L’Année de la BD chez Temps Futurs. Avec le même Bocquet, il rédige des scénarios pour la série Spaghetti de Dino Attanasio dans Rigolo, une autre publication humanoïde. L’expérience Métal Hurlant Aventure, comme celle de Rigolo, ne dure qu’une vingtaine de mois, le temps de faire une mémorable parodie du Major Grubert de Moebius avec… Yves Chaland !
Retour à la case Métal avec son premier récit long de Claude Renard : Ivan Casablanca – Le rendez-vous d’Angkor (1985), un petit volume avec Floc’h : Ma Vie (1985), une poignée d’albums publicitaires avec les ténors des Humanoïdes Associés, trois fois récompensés par le Prix de la Communication que décerne alors le Festival d’Angoulême, et un switch sur L’Écho des Savanes où il écrit pour Loustal Mémoires avec dames (1988) et avec Floc’h Jamais deux sans trois (1991). En 1999, il reprend la plume avec José-Louis Bocquet pour un album de Stanislas intitulé Les Aventures d’Hergé, l’un de ses opus major.
Déjà, on a besoin de souffler, mais l’ogre ne s’arrête jamais : si l’on décèle quelques blancs dans sa bibliographie BD, c’est qu’il a d’autres métiers à côté : il est devenu un auteur jeunesse recherché (pour Le Seuil Jeunesse, Naïve, Hélium, Miles Hyman, Jano, Blexbolex ou Joëlle Jolivet…), romancier, traducteur, notamment pour Charles Burns, les frères Hernandez ou l’auteur Michael Moorcock, et surtout scénariste de télévision et de dessins animés apprécié, ce qui lui vaudra notamment de partager avec Grégoire Solotareff le César du meilleur film d’animation pour Loulou, l’incroyable secret en 2014.
L’aventure Denoël Graphic
En 2003, revenant à sa passion pour l’édition, il crée sous le label Denoël Graphic une collection de bande dessinée chez l’éditeur généraliste Denoël. En vingt ans, il bâtit un catalogue éclectique à la haute tenue graphique et littéraire : personne n’a oublié Une jeunesse soviétique de Nikolaï Maslov, Le Maître de Ballantrae adapté de Robert Louis Stevenson par Hippolyte, Marilyn la Dingue de Jérôme Charyn et Frédéric Rébéna, Fun Home et C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel, Tamara Drewe de Posy Simmonds, La Genèse de Robert Crumb, L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim, Parle-moi d’amour d’Aline Kominsky-Crumb et Robert Crumb, Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong, Suite française d’Emmanuel Moynot d’après Irène Nimérovsky, Sukkwan Island d’après le roman de David Vann d’Ugo Bienvenu, qui devient une des mascottes du catalogue avec Paiement accepté et Préférence Système, ou encore Herzl, une histoire européenne de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. En 2023, Denoël Graphic fête son vingtième anniversaire et constitue l’un des catalogues les plus solides de l’édition BD actuelle.
En parallèle, le vorace avale comme scénariste Le Coup de Prague avec Miles Hyman (2017) pour lequel il récidivera avec Une Romance anglaise en 2022, puis c’est De l’autre côté de la frontière avec Philippe Berthet (2020), la série Miss Chat avec sa complice des albums jeunesse Joëlle Jolivet (2022) et surtout ce coup d’éclat majeur qu’il partage à nouveau avec José-Louis Bocquet : le scénario du best-seller Blake et Mortimer : Huit heures à Berlin avec Antoine Aubin (2022), tandis que s’annonce pour octobre 2023 un autre Blake dessiné par… Floc’h, un événement en soi ! Toujours en 2023, à l’instigation de John Simenon, il se penche en compagnie de quelques vieux complices sur un projet d’adaptation des « romans durs » du Maître de Liège, inauguré par trois ouvrages : Le Passager du Polarlys signé par José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux, La Neige était sale, qu’il adapte pour Bernard Yslaire et enfin Simenon, l’Ostrogoth, évocation biographique de l’inventeur de Maigret, qu’il cosigne encore et toujours avec Bocquet et que Jacques de Loustal met en images.
Laureline Mattiussi avance sur le roman Les clients d’Avrenos daté de 1935. Une carrière à la René Goscinny, en somme. Mais dont l’appétit ogresque ne serait pas encore rassasié.
Didier Pasamonik
Photo ©Rita Scaglia
5 expositions
Pour ces 17e Rencontres Chaland, 5 expositions vous seront proposées à Nérac
1-INVITÉ D’HONNEUR ÉMILE BRAVO
Galerie des Tanneries
Exposition rétrospective des œuvres originales de bande dessinée de l’auteur sur 36 ans de créations.
2-HÉROS ET HÉROÏNES DE YVES CHALAND
Galerie Sèderie
Freddy Lombard, Dina, Bob Fish, Linda, Atomax, Le Jeune Albert et Spirou, tous ces personnages sont les aventuriers dessinés par Yves Chaland.
Exposition interactive , dessins originaux et costumes des personnages.
(5 et 6 octobre seulement)
3-MADELEINE, RÉSISTANTE
Médiathèque Yves Chaland
Exposition des œuvres originales couleurs dessinées par Dominique Bertail.
L’histoire de Madeleine Riffaud est scénarisée par Jean-David Morvan
4 & 5-LES LAURÉATS DES PRIX
JEUNE ALBERT ET PETIT ALBERT 2023-2024
Exposition des œuvres primées par les lycéens
et collégiens de Lot-et-Garonne
Médiathèque Yves Chaland
Prix Jeune Albert
LÉO EN PETIT MORCEAUX
de Mayana Itoïz, aux éditions Dargaud
Prix Petit Albert
LE PRINTEMPS DE SAKURA
de Marie Jaffredo, aux éditions Vent d’Ouest
Téléchargez le programme complet des Rencontres Chaland 2024
Et le programme octobre-novembre-décembre
Emile Bravo, invité d’honneur des 17e Rencontres Chaland
Les Rencontres Chaland mettent à l’honneur Emile Bravo pour leur 17eme édition durant laquelle 35 auteurs seront présents les 5 et 6 octobre, à Nérac.
La galerie des Tanneries proposera une exposition rétrospective de l’œuvre d’Emile Bravo, héros malgré tout, de Boucle d’or et les sept nains à Spirou, en passant par les Epatantes Aventures de Jules.
De nombreuses animations sont prévues autour des auteurs. Sont annoncés : Alfred, Alain Ayroles, François Ayroles, Anne Baraou, Charles Berberian, Fred Bernard, Dominique Bertail, Hervé Bourhis, Clément C. Fabre, Christian Cailleaux, Serge Clerc, Lolita Couturier, Dorothée de Monfreid, DrPonce, Lucie Durbiano, Elric Dufau, Christian Durieux, Marie Bardiaux-Vaïente, Richard Guerineau, Pascal Guichard, Mayana Itoïz, Irène Leroy Ladurie, Louison, Aurélien Maury, Jean-David Morvan, Fred Neidhardt, Jean Christophe Ogier, Didier Pasamonik, Christelle Pissavy-Yvernault, David Prudhomme, Sandrine Revel, Saint-Emett, Lolita Séchan, Maybelline Skvortzoff, Avril Tembouret, Lucas Varela, Eric Veillé.
Photo D.R.
Publié le lundi 02 septembre 2024
Alain Lachartre, publicité et bande dessinée, des origines à nos jours
Exposition à la Galerie des Tanneries à Nérac
17 juin au 31 juillet 2024
14h à 18h Tous les jours sauf dimanche
Entrée libre
L’association Les Amis d’Yves Chaland bien connue pour l’organisation du festival Les Rencontres Chaland, présente sa première exposition estivale à la Galerie des Tanneries à Nérac. Il nous semblait important de commencer par une exposition collective et le thème publicité et bande dessinée relie tous les auteurs. Nombre de ces dessinateurs appréciés par les marques populaires ou de luxe sont proches de la Ligne Claire, chère aux Rencontres Chaland.
Notre exposition s’appuie sur l’auteur exégète, Alain Lachartre, qui décrit les rapports étroits entre l’illustration, la bande dessinée et la publicité dans Objectif Pub chez Robert Laffont-Magic Strip, Traits séduisants édité par Scala, Réclames aux Éditions Hoëbeke, Malabar, histoires de bulles chez Dupuis.
Alain Lachartre a consacré sa carrière à la communication publicitaire, il fonde son atelier d’édition “Vue sur la Ville” et collabore avec les écrivains, illustrateurs et dessinateurs de bande dessinée comme, Fromental, Chaland, Avril, Ted Benoit, Ever Meulen…
Son dernier ouvrage paru en 2022, Objectif Pub, est un livre de référence totalement inédit sur les liens entre la bande dessinée et la publicité de 1900 jusqu’à ce jour.
Depuis 120 ans, la publicité invite les grands auteurs de son temps à l’accompagner, de l’inventeur du Bonhomme Michelin Bibendum, le génial dessinateur O’Galop à l’auteur réalisateur Ugo Bienvenu et ses dessins commandés par Hermès.
La publicité aime confier à plusieurs dessinateurs ayant un univers défini et identifiable, la réalisation d’affiches qui racontent une histoire. Lorsque la diffusion est limitée, l’annonceur utilise des techniques artisanales telles que la sérigraphie et la lithographie, pour l’édition d’un produit de Luxe.
Bilal, Forest, Schuiten, Walter Minus, Druillet, Tardi, Margerin, Floc’h, Liberatore, Clerc, Götting, Chaland, Cestac, Ben Radis, Cabu, Loustal, Berberian, Killofer, Geluck, Chaland, et encore bien d’autres, ont œuvré sur commande. Nous remercions particulièrement Joost Swarte pour la réalisation de l’affiche.
Vendredi 28 juin 15h visite commentée par l’auteur Alain Lachartre 5€ par personne
Vendredi 28 juin dédicace 17h
Atelier enfant les mercredis 10-17-24-31 juillet 10h à 12h 5€ par personne
Visite guidée les jeudis 11-18-25-juillet à 15h durée 1h -5€ par personne (gratuit pour les enfants -12 ans)
resa.rencontreschaland@gmail.com
Nous nous réservons la possibilité d’annulation en cas de réservation insuffisante
Publié le jeudi 09 novembre 2023
L’invité d’honneur des Rencontres Chaland 2023
L’OGRE JEAN-LUC FROMENTAL
Il suffit de le voir pour comprendre : avec Jean-Luc Fromental, nous sommes face à un géant. Haut quasiment de deux mètres, massif comme une armoire normande, avec ses beaux traits surlignés par une broussaille de sourcils, il en impose. Mais il n’y a pas qu’au physique qu’il est dans la démesure : sa biographie le crédite des qualités de journaliste, de publicitaire, d’écrivain, de scénariste de bande dessinée, de télévision et de cinéma, enfin d’éditeur, tout cela en même temps, comme si chacune de ces activités ne pouvait à elle seule remplir une vie.
C’est que Fromental est un ogre, catégorie boulimie intellectuelle. De ses activités tentaculaires, nous n’en retiendrons qu’une, pour éviter de nous perdre dans les méandres de son cerveau labyrinthique : son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art.
Ses hagiographies éditoriales mentionnent, pour décrire ses débuts, dix années de présence « dans l’édition », mystérieuse décennie dont on sait peu de choses, où il fut « petite main » d’un ou plusieurs grands éditeurs. Dès 1972, sa signature apparaît dans le magazine Pilote, accolée à celle d’un certain Moro, inconnu au bataillon. Il faut attendre 1978 pour la voir revenir dans le même hebdomadaire, devenu entretemps mensuel, accompagnant cette fois celle de Floc’h, pour une double page intitulée « Le Siècle ».
La bande dessinée adulte, déjà présente depuis l’arrivée du Charlie Mensuel de Wolinski en 1969, clone français du magazine italien Linus, devient un explosif bouillon de contre-culture avec L’Écho des Savanes de Bretécher, Gotlib et Mandryka en 1972. En 1975, une nouvelle étoile s’allume dans le firmament de la bande dessinée française, elle est éblouissante : Métal Hurlant dirigé par un quarteron d’humanoïdes loin de la retraite. En 1981, notre ogre, devenu pendant quelques années le critique BD du quotidien Le Matin de Paris, en poussera les portes et ira y satisfaire son appétit. Il en deviendra l’un des piliers rédactionnels parlant aussi bien de « Cauchemars interactifs », de « Légendes urbaines » que d’« Ours gris du Montana ».
C’est là que les premiers vrais scénarios commencent à tomber. Pour son ami Jean-Louis Floch, frère aîné du « Grand Floc’h », d’abord (l’album En pleine guerre froide, 1984, suivi d’Une Ville n’est pas un arbre, en 1989, couleurs d’Isabelle Beaumenay-Joannet), puis pour des petits jeunes à l’avenir alors incertain : Beja, Philippe Berthet (premier indice de la filière belge), Romain Slocombe…
Les Humanoïdes, assurés de sa camaraderie (sa rubrique s’intitule Pravda), l’installent à la tête de Métal Hurlant Aventure où il signe des récits courts pour Claude Renard (le mentor de Schuiten, Berthet, Bézian et bien d’autres), pour Franz avec Mémoires d’un 38 (1984), en collaboration avec un certain… José-Louis Bocquet avec qui il avait lancé peu de temps auparavant L’Année de la BD chez Temps Futurs. Avec le même Bocquet, il rédige des scénarios pour la série Spaghetti de Dino Attanasio dans Rigolo, une autre publication humanoïde. L’expérience Métal Hurlant Aventure, comme celle de Rigolo, ne dure qu’une vingtaine de mois, le temps de faire une mémorable parodie du Major Grubert de Moebius avec… Yves Chaland !
Retour à la case Métal avec son premier récit long de Claude Renard : Ivan Casablanca – Le rendez-vous d’Angkor (1985), un petit volume avec Floc’h : Ma Vie (1985), une poignée d’albums publicitaires avec les ténors des Humanoïdes Associés, trois fois récompensés par le Prix de la Communication que décerne alors le Festival d’Angoulême, et un switch sur L’Écho des Savanes où il écrit pour Loustal Mémoires avec dames (1988) et avec Floc’h Jamais deux sans trois (1991). En 1999, il reprend la plume avec José-Louis Bocquet pour un album de Stanislas intitulé Les Aventures d’Hergé, l’un de ses opus major.
Déjà, on a besoin de souffler, mais l’ogre ne s’arrête jamais : si l’on décèle quelques blancs dans sa bibliographie BD, c’est qu’il a d’autres métiers à côté : il est devenu un auteur jeunesse recherché (pour Le Seuil Jeunesse, Naïve, Hélium, Miles Hyman, Jano, Blexbolex ou Joëlle Jolivet…), romancier, traducteur, notamment pour Charles Burns, les frères Hernandez ou l’auteur Michael Moorcock, et surtout scénariste de télévision et de dessins animés apprécié, ce qui lui vaudra notamment de partager avec Grégoire Solotareff le César du meilleur film d’animation pour Loulou, l’incroyable secret en 2014.
L’aventure Denoël Graphic
En 2003, revenant à sa passion pour l’édition, il crée sous le label Denoël Graphic une collection de bande dessinée chez l’éditeur généraliste Denoël. En vingt ans, il bâtit un catalogue éclectique à la haute tenue graphique et littéraire : personne n’a oublié Une jeunesse soviétique de Nikolaï Maslov, Le Maître de Ballantrae adapté de Robert Louis Stevenson par Hippolyte, Marilyn la Dingue de Jérôme Charyn et Frédéric Rébéna, Fun Home et C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel, Tamara Drewe de Posy Simmonds, La Genèse de Robert Crumb, L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim, Parle-moi d’amour d’Aline Kominsky-Crumb et Robert Crumb, Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong, Suite française d’Emmanuel Moynot d’après Irène Nimérovsky, Sukkwan Island d’après le roman de David Vann d’Ugo Bienvenu, qui devient une des mascottes du catalogue avec Paiement accepté et Préférence Système, ou encore Herzl, une histoire européenne de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. En 2023, Denoël Graphic fête son vingtième anniversaire et constitue l’un des catalogues les plus solides de l’édition BD actuelle.
En parallèle, le vorace avale comme scénariste Le Coup de Prague avec Miles Hyman (2017) pour lequel il récidivera avec Une Romance anglaise en 2022, puis c’est De l’autre côté de la frontière avec Philippe Berthet (2020), la série Miss Chat avec sa complice des albums jeunesse Joëlle Jolivet (2022) et surtout ce coup d’éclat majeur qu’il partage à nouveau avec José-Louis Bocquet : le scénario du best-seller Blake et Mortimer : Huit heures à Berlin avec Antoine Aubin (2022), tandis que s’annonce pour octobre 2023 un autre Blake dessiné par… Floc’h, un événement en soi ! Toujours en 2023, à l’instigation de John Simenon, il se penche en compagnie de quelques vieux complices sur un projet d’adaptation des « romans durs » du Maître de Liège, inauguré par trois ouvrages : Le Passager du Polarlys signé par José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux, La Neige était sale, qu’il adapte pour Bernard Yslaire et enfin Simenon, l’Ostrogoth, évocation biographique de l’inventeur de Maigret, qu’il cosigne encore et toujours avec Bocquet et que Jacques de Loustal met en images.
Laureline Mattiussi avance sur le roman Les clients d’Avrenos daté de 1935. Une carrière à la René Goscinny, en somme. Mais dont l’appétit ogresque ne serait pas encore rassasié.
Didier Pasamonik
Photo ©Rita Scaglia
Alain Lachartre, publicité et bande dessinée, des origines à nos jours
Exposition à la Galerie des Tanneries à Nérac
17 juin au 31 juillet 2024
14h à 18h Tous les jours sauf dimanche
Entrée libre
L’association Les Amis d’Yves Chaland bien connue pour l’organisation du festival Les Rencontres Chaland, présente sa première exposition estivale à la Galerie des Tanneries à Nérac. Il nous semblait important de commencer par une exposition collective et le thème publicité et bande dessinée relie tous les auteurs. Nombre de ces dessinateurs appréciés par les marques populaires ou de luxe sont proches de la Ligne Claire, chère aux Rencontres Chaland.
Notre exposition s’appuie sur l’auteur exégète, Alain Lachartre, qui décrit les rapports étroits entre l’illustration, la bande dessinée et la publicité dans Objectif Pub chez Robert Laffont-Magic Strip, Traits séduisants édité par Scala, Réclames aux Éditions Hoëbeke, Malabar, histoires de bulles chez Dupuis.
Alain Lachartre a consacré sa carrière à la communication publicitaire, il fonde son atelier d’édition “Vue sur la Ville” et collabore avec les écrivains, illustrateurs et dessinateurs de bande dessinée comme, Fromental, Chaland, Avril, Ted Benoit, Ever Meulen…
Son dernier ouvrage paru en 2022, Objectif Pub, est un livre de référence totalement inédit sur les liens entre la bande dessinée et la publicité de 1900 jusqu’à ce jour.
Depuis 120 ans, la publicité invite les grands auteurs de son temps à l’accompagner, de l’inventeur du Bonhomme Michelin Bibendum, le génial dessinateur O’Galop à l’auteur réalisateur Ugo Bienvenu et ses dessins commandés par Hermès.
La publicité aime confier à plusieurs dessinateurs ayant un univers défini et identifiable, la réalisation d’affiches qui racontent une histoire. Lorsque la diffusion est limitée, l’annonceur utilise des techniques artisanales telles que la sérigraphie et la lithographie, pour l’édition d’un produit de Luxe.
Bilal, Forest, Schuiten, Walter Minus, Druillet, Tardi, Margerin, Floc’h, Liberatore, Clerc, Götting, Chaland, Cestac, Ben Radis, Cabu, Loustal, Berberian, Killofer, Geluck, Chaland, et encore bien d’autres, ont œuvré sur commande. Nous remercions particulièrement Joost Swarte pour la réalisation de l’affiche.
Vendredi 28 juin 15h visite commentée par l’auteur Alain Lachartre 5€ par personne
Vendredi 28 juin dédicace 17h
Atelier enfant les mercredis 10-17-24-31 juillet 10h à 12h 5€ par personne
Visite guidée les jeudis 11-18-25-juillet à 15h durée 1h -5€ par personne (gratuit pour les enfants -12 ans)
resa.rencontreschaland@gmail.com
Nous nous réservons la possibilité d’annulation en cas de réservation insuffisante
L’invité d’honneur des Rencontres Chaland 2023
L’OGRE JEAN-LUC FROMENTAL
Il suffit de le voir pour comprendre : avec Jean-Luc Fromental, nous sommes face à un géant. Haut quasiment de deux mètres, massif comme une armoire normande, avec ses beaux traits surlignés par une broussaille de sourcils, il en impose. Mais il n’y a pas qu’au physique qu’il est dans la démesure : sa biographie le crédite des qualités de journaliste, de publicitaire, d’écrivain, de scénariste de bande dessinée, de télévision et de cinéma, enfin d’éditeur, tout cela en même temps, comme si chacune de ces activités ne pouvait à elle seule remplir une vie.
C’est que Fromental est un ogre, catégorie boulimie intellectuelle. De ses activités tentaculaires, nous n’en retiendrons qu’une, pour éviter de nous perdre dans les méandres de son cerveau labyrinthique : son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler le 9e art.
Ses hagiographies éditoriales mentionnent, pour décrire ses débuts, dix années de présence « dans l’édition », mystérieuse décennie dont on sait peu de choses, où il fut « petite main » d’un ou plusieurs grands éditeurs. Dès 1972, sa signature apparaît dans le magazine Pilote, accolée à celle d’un certain Moro, inconnu au bataillon. Il faut attendre 1978 pour la voir revenir dans le même hebdomadaire, devenu entretemps mensuel, accompagnant cette fois celle de Floc’h, pour une double page intitulée « Le Siècle ».
La bande dessinée adulte, déjà présente depuis l’arrivée du Charlie Mensuel de Wolinski en 1969, clone français du magazine italien Linus, devient un explosif bouillon de contre-culture avec L’Écho des Savanes de Bretécher, Gotlib et Mandryka en 1972. En 1975, une nouvelle étoile s’allume dans le firmament de la bande dessinée française, elle est éblouissante : Métal Hurlant dirigé par un quarteron d’humanoïdes loin de la retraite. En 1981, notre ogre, devenu pendant quelques années le critique BD du quotidien Le Matin de Paris, en poussera les portes et ira y satisfaire son appétit. Il en deviendra l’un des piliers rédactionnels parlant aussi bien de « Cauchemars interactifs », de « Légendes urbaines » que d’« Ours gris du Montana ».
C’est là que les premiers vrais scénarios commencent à tomber. Pour son ami Jean-Louis Floch, frère aîné du « Grand Floc’h », d’abord (l’album En pleine guerre froide, 1984, suivi d’Une Ville n’est pas un arbre, en 1989, couleurs d’Isabelle Beaumenay-Joannet), puis pour des petits jeunes à l’avenir alors incertain : Beja, Philippe Berthet (premier indice de la filière belge), Romain Slocombe…
Les Humanoïdes, assurés de sa camaraderie (sa rubrique s’intitule Pravda), l’installent à la tête de Métal Hurlant Aventure où il signe des récits courts pour Claude Renard (le mentor de Schuiten, Berthet, Bézian et bien d’autres), pour Franz avec Mémoires d’un 38 (1984), en collaboration avec un certain… José-Louis Bocquet avec qui il avait lancé peu de temps auparavant L’Année de la BD chez Temps Futurs. Avec le même Bocquet, il rédige des scénarios pour la série Spaghetti de Dino Attanasio dans Rigolo, une autre publication humanoïde. L’expérience Métal Hurlant Aventure, comme celle de Rigolo, ne dure qu’une vingtaine de mois, le temps de faire une mémorable parodie du Major Grubert de Moebius avec… Yves Chaland !
Retour à la case Métal avec son premier récit long de Claude Renard : Ivan Casablanca – Le rendez-vous d’Angkor (1985), un petit volume avec Floc’h : Ma Vie (1985), une poignée d’albums publicitaires avec les ténors des Humanoïdes Associés, trois fois récompensés par le Prix de la Communication que décerne alors le Festival d’Angoulême, et un switch sur L’Écho des Savanes où il écrit pour Loustal Mémoires avec dames (1988) et avec Floc’h Jamais deux sans trois (1991). En 1999, il reprend la plume avec José-Louis Bocquet pour un album de Stanislas intitulé Les Aventures d’Hergé, l’un de ses opus major.
Déjà, on a besoin de souffler, mais l’ogre ne s’arrête jamais : si l’on décèle quelques blancs dans sa bibliographie BD, c’est qu’il a d’autres métiers à côté : il est devenu un auteur jeunesse recherché (pour Le Seuil Jeunesse, Naïve, Hélium, Miles Hyman, Jano, Blexbolex ou Joëlle Jolivet…), romancier, traducteur, notamment pour Charles Burns, les frères Hernandez ou l’auteur Michael Moorcock, et surtout scénariste de télévision et de dessins animés apprécié, ce qui lui vaudra notamment de partager avec Grégoire Solotareff le César du meilleur film d’animation pour Loulou, l’incroyable secret en 2014.
L’aventure Denoël Graphic
En 2003, revenant à sa passion pour l’édition, il crée sous le label Denoël Graphic une collection de bande dessinée chez l’éditeur généraliste Denoël. En vingt ans, il bâtit un catalogue éclectique à la haute tenue graphique et littéraire : personne n’a oublié Une jeunesse soviétique de Nikolaï Maslov, Le Maître de Ballantrae adapté de Robert Louis Stevenson par Hippolyte, Marilyn la Dingue de Jérôme Charyn et Frédéric Rébéna, Fun Home et C’est toi ma maman ? d’Alison Bechdel, Tamara Drewe de Posy Simmonds, La Genèse de Robert Crumb, L’Art de voler d’Antonio Altarriba et Kim, Parle-moi d’amour d’Aline Kominsky-Crumb et Robert Crumb, Une si jolie petite guerre de Marcelino Truong, Suite française d’Emmanuel Moynot d’après Irène Nimérovsky, Sukkwan Island d’après le roman de David Vann d’Ugo Bienvenu, qui devient une des mascottes du catalogue avec Paiement accepté et Préférence Système, ou encore Herzl, une histoire européenne de Camille de Toledo et Alexander Pavlenko. En 2023, Denoël Graphic fête son vingtième anniversaire et constitue l’un des catalogues les plus solides de l’édition BD actuelle.
En parallèle, le vorace avale comme scénariste Le Coup de Prague avec Miles Hyman (2017) pour lequel il récidivera avec Une Romance anglaise en 2022, puis c’est De l’autre côté de la frontière avec Philippe Berthet (2020), la série Miss Chat avec sa complice des albums jeunesse Joëlle Jolivet (2022) et surtout ce coup d’éclat majeur qu’il partage à nouveau avec José-Louis Bocquet : le scénario du best-seller Blake et Mortimer : Huit heures à Berlin avec Antoine Aubin (2022), tandis que s’annonce pour octobre 2023 un autre Blake dessiné par… Floc’h, un événement en soi ! Toujours en 2023, à l’instigation de John Simenon, il se penche en compagnie de quelques vieux complices sur un projet d’adaptation des « romans durs » du Maître de Liège, inauguré par trois ouvrages : Le Passager du Polarlys signé par José-Louis Bocquet et Christian Cailleaux, La Neige était sale, qu’il adapte pour Bernard Yslaire et enfin Simenon, l’Ostrogoth, évocation biographique de l’inventeur de Maigret, qu’il cosigne encore et toujours avec Bocquet et que Jacques de Loustal met en images.
Laureline Mattiussi avance sur le roman Les clients d’Avrenos daté de 1935. Une carrière à la René Goscinny, en somme. Mais dont l’appétit ogresque ne serait pas encore rassasié.
Didier Pasamonik
Photo ©Rita Scaglia